…Rien qu’un vent vespéral
Qui descend des cimes érodées
Et qui chante ses revirements
Je ne fais que vivre d’usure
Croître dans les dunes nomades
Je suis une simple parcelle de sable
Qui foule un autre espace… !
Il n’y a ni nuit profonde
Ni nuit sans Ă©toile
Le soleil du jour aveugle ma pensée
Et fait danser le reste des mots
Je jouis de cette métamorphose
Quand de ma rive je croise le fer
Et au gré des vagues des souvenirs
Je réduits ma barque au grand silence
Rien de rien de ces mille instants…
Je ne fais qu’attiser les feux
Feux de brousse aux couleurs mitigées
Feux de paille qui fouillent les Ă©crits
Ou vents du large qui m’appellent
Pour reprendre le mĂŞme voyage
Dans le mĂŞme car-ferry
Qui ne fait que relier le mĂŞme point
Départ d’un anonyme sans bagage
D’un voyageur qu’accompagne son ombre
Je suis lĂ et je suis cet ailleurs
Sur l’aile d’un vent de nostalgie
Et quand mes pieds foulent l’autre sol
J’oublie jusqu’à la racine mes origines !
Nulle crainte pour un lit égaré
Ni pour l’arbre qui me regarde
Ni pour l’unique oiseau de mes séjours
Ni pour cette image sur un fond ocre
Ni pour ce sourire qui vit d’éternité
Je suis et puis je deviens l’autre
Qui fuit tous les interdits non déclarés
Qui bafouent les maux-dits à l’envers
Et je renvoie le sens du sens en ajournement… !
Je déduis de la nuit l’horaire de mes parcours
Quand la lune me fait signe
Et de la vitre ouverte vers la voûte céleste
J’oublie qui je suis, qui s’appuie à la fenêtre
Je deviens un mutant sans racine
Puisque les autres corps m’interpellent
Pour laisser la terre Ă la terre
Les rêves aux rêves rendus stériles
Je m’embarque parmi les étoiles de l’infini
Et il suffit d’un rien
D’un cri dans la nuit d’un cœur
D’un éclair fulgurant dans l’espace des rues
Je redescends de mes nues colorées
Et je regagne lourdement une table
Pour brosser les lignes de cette échappée… !
© kacem loubay
Vendredi 30 Septembre 2005
Khénifra – Maroc
Loubay_k@yahoo.frLe poète de l’autre rive