Ils sont venus à moi
Sans crier « gare »!
Ils ont envahi ma tête
Ils y ont fait la fête
Ils ont envahi mon cœur
J’écris sans voir passer les heures
Mais le jour où ils ont envahi mon âme
Ils ont fait de moi, leur dame

Dès que je pose la tête sur l’oreiller
Ils s’amusent à me tenir éveillée
Si j’ai le malheur de m’endormir
Ils me réveillent d’un long soupir

Sur la table de chevet
Traînent plumes et papier
Les mots faisant le guet
Se bousculent, à savoir qui sera le premier
À se coucher sur mes pages
Ils s’amusent à soulever mes paupières
Se promènent légers comme des nuages
Ils veulent tous que d’eux je sois fière

Et ma nuit devient comme une autoroute
Les lettres se chevauchent
De droite à gauche
Plus aucun doute
Je passerai encore une nuit blanche
Puis des lettres un peu plus folles
Se métamorphosent
Et osent
Osent s’accrocher l’une à l’autre
Les voilà, elles s’endimanchent
Et sur l’autoroute font des farandoles
À la vitesse d’un éclair, arrivent les mots
Ils s’inventent un chemin
Qui dans ma nuit, n’aura plus de fin
Ils vont et viennent
Sans s’arrêter aux feux rouges ni aux arrêts
Ils se bousculent sans peine
S’entrechoquent aux parapets

Sans aucun égard
Me font des appels de phares
Les lettres deviennent des mots
Formant un méli-mélo
De leur course effrénée
Au détour d’une courbe, surgissent les phrases
Quelle extase!!!
Me voilà bien réveillée

Les phrases dansent dans ma tête
J’essaie de les enligner pour former un tout
Mais elles veulent tous être la première, qu’elles sont bêtes
Je leur dis : « tout doux…tout doux.. »
De peur d’être oubliées, elles foncent tous vers la même sortie
Et c’est le carambolage !!!
Je profite de cet instant
Pour les coucher sur mes pages
Je leur parle en douceur et guéris leur tourment
Puis elles se figent comme des images

Le délire du poète, vient de prendre fin
Et voilà que naît le poème…