Je reviens solitaire au jardin où mon âme
Brûla pour une espiègle au sourire de dame ;
Témoin neutre et muet de nos serments secrets,
Le banc de bois est là caché par le feuillage ;
Un souvenir soudain me vient près de l'ombrage,
Ravivant mes remords mais aussi mes regrets.
Entouré de rosiers, le vieux banc semble attendre
Que nous venions encor sur l'herbe nous étendre.
J'ai cédé sous le charme avant d'être amoureux.
La belle était mignonne et n'avait rien à craindre.
Lorsque tout s'écroula, j'étais le plus à plaindre.
Plaidant mon désarroi, je ne fus pas heureux.
Dégradé par le temps, tout près de la rocaille,
Le bois est vermoulu, la peinture s'écaille.
Nous n'y reviendrons plus ensemble comme avant !
L'Amour, très exigeant, fut parfois infidèle.
Blessé, mon petit cœur prudent m'éloigna d'elle.
Haïr ou pardonner me chuchota le vent.
La nuit tombe, il est tard ; je referme la porte
Sur mes rêves enfuis ; après tout que m'importe
Ces jours heureux passés au bord d'illusions !
Une étrange langueur m'étreint : tout me rappelle,
Comme encore autrefois, l'abandon d'Annabelle.
Je m'éloigne transi du seuil des passions.
© Roger Lehel juillet2008
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Si chacun brille à sa manière
Seuls les diamants sont solitaires !