Plume d'or Inscrit le: 15/8/2010 De: Orléans Envois: 1620 |
La drole de guerre Fuyant la France occupée en 40, mon père et sa femme, avec Alain, leur premier enfant de quelque mois avaient passé la ligne de démarcation. Ils s'étaient réfugiés chez un beau-frère du côté de Romorantin. Loin des bombes et des combats, un jour que, seul dans un champ où il travaillait la terre avec une pelle, il entendit des coups de feu tout près de lui. Il n'eut que le temps de se réfugier derrière un arbre. Deux allemands pourchassaient un type, en civil, mais armé. Le pauvre fut abattu pratiquement sous les yeux de mon père. C'était un résistant isolé que les soldats pourchassaient depuis assez longtemps et qu'ils finirent par avoir là , dans ce champ. Par contre, il se trouvait en zone non occupée... La ligne de démarcation n'était qu'à quelques dizaines de mètres de là . Mon père voyait les Allemands bien embêtés avec ce mort abattu en zone libre. L'un des « boches » avisant mon père tremblant de peur lui fit signe d'approcher. Lui, persuader qu'on allait l'abattre à son tour comme témoin gênant n'en menait pas large. On lui fit comprendre de mettre le corps sur son dos. Il raconta plus tard. -"Moi en tête, portant cet homme mort, tenu en joue par un des deux soldats, le deuxième fermant la marche avec ma pelle sur l'épaule... funèbre cortège. Arrivés à l'endroit qu'ils jugèrent bon, toujours pointé avec le fusil, on me fit comprendre de faire un trou pour enterrer le cadavre. Quand le pauvre homme fut enfin enseveli, j'étais persuadé que mon jour était venu. Les deux allemands se regardèrent sans un mot et repartirent me laissant là , incapable de bouger tant l'émotion était forte." Sur cette petite route communale, entre Chabris et Romorantin, tous les ans, à l'endroit ou ce malheureux est enterré, on dépose quelques fleurs...
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