CELLE QUI DIT...
J’aurais aimé pétrir une argile torride
Et de mes mains déesses créer de terre aride
Formes femmes fantasmes modelés tel destins
J’aurais été Camille aux côtés de Rodin
J’aurais aimé de mes yeux parcourir la planète
En devenir le chantre des gens et des bĂŞtes
D’un objectif rageur capturer injustices
Ou simplement merveilles en beautés de solstices
J’aurais aimé devenir une toile infinie
Où mille couleurs d’intense seraient devenues vie
Tournesols ou marines ors flamands et sanguines
Ma peinture au soleil sentirait mandarine
J’aurais aimé danser en tutu de p’tit rat
Gracieuse ballerine merveilleuse Coppélia
Mon lac des cygnes aurait couleur d’immense
Isadora Duncan serait entrée en transes
J’aurais aimé vibrer au clavier tempéré
De cent accords divins de maîtres inachevés
Devenir concertiste adulée une artiste
Mes mains si assurées se feraient cantatrices
Mais je ne sais qu’écrire balbutier radoter
Raconter murmurer ravagée de pensées
Les mots me bouleversent l’émotion me décrit
Au clair de toutes lunes je suis celle qui dit.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...