Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
105 utilisateur(s) en ligne (dont 84 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 104

BOUCHARBA, plus...
Choisissez
Coucou c'est moi !
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Prose (seuls les textes personnels sont admis)
     UN APPEL DANS LA NUIT
Enregistrez-vous pour poster

A plat Sujet précédent | Sujet suivant
Expéditeur Conversation
nighttalker
Envoyé le :  29/9/2008 23:43
Plume d'or
Inscrit le: 9/5/2007
De: ALGERIE
Envois: 729
UN APPEL DANS LA NUIT
L’appel, de mes illusions, me réveilla. Tel un envoûtant chant de sirènes de par la brume océane. Si irrésistible, si impérieux. L’air de la pièce, soudain devint lourd, chargé d’odeur d’huile et de poudre, de fumée des tranchées et de boue, de cris atroces de femmes, de sifflements de balles et de cliquetis d’armes. Une cacophonie terrible. Un chaos de phrases et de sons, d’où se détache, parfaitement perceptible, un murmure sinistre : "Que fais-tu ?". Je secoue ma tête et me tourne vers toi. Tu étais endormie, paisible, à mes côtés. Les draps soyeux au parfum de lavande épousaient parfaitement tes reliefs lascifs où mes lèvres osèrent cette nuit l’aventure. Tes mèches fugitives zébraient ton visage si angélique, si pur, tel les filets d’eau d’une cascade tranquille. Tes paupières rabattues comme une huitre sur des trésors abyssaux… Tes yeux. Deux perles d’un magnifique bleu-gris, captivant le regard de tout être qui ose les croiser, jusqu’à s’y perdre, jusqu’à les vénérer. Tes galbes, divine offrande, luisaient à la timide lueur de la lune. Ta bouche entrouverte, ourlée de deux pétales au goût exquis, était si tentante. Je levai mes doigts pour l’effleurer. La voix, le cri, m’arrêta net. "Que fais-tu ? Que fais-tu ?". L’appel était insoutenable, insistant, strident. Plus fort même que tes soupirs d’extase cette nuit vers le firmament. Ta main se posa sur ma joue. une sensation effroyable, une incroyable métamorphose. Insensible est devenue ma peau et rugueuse, âpre est devenue la tienne; de ta bouche émergèrent d’incompréhensibles syllabes; ton haleine me brûla le visage tel le souffle d’un dragon; je fronçai les sourcils et sursautai en m’apercevant que Méduse t’a cédé sa chevelure. Je sentis tes griffes me transpercer le cœur, cherchant à saisir mon âme. Une aura maléfique, sombre, voila progressivement ton corps. En un démon de l’enfer tu t’es transformée. J’assistais éberlué, paralysé et je subissais toutes les douleurs de l’univers sans pouvoir réagir. Je me sentais prisonnier, bête, naïf. Et cette voix en continu qui résonnait dans mon crâne tel un ra infini "Que fais-tu ?". En un instant, le doux lit s’enflamma tel un autodafé, les flammes m’avalèrent sous mes cris étouffés. Mon corps consumé se mêla à la fumée, virevolta dans la pièce et vira vers le ciel, vers des contrées lointaines... et miennes. Aux charniers, aux fermes dévastées, aux femmes violées... Mes particules dispersées se rejoignirent, enfin, dans la colonne ascendante et grisâtre d’un incendie. Reconstitué, je suis recraché dans un cimetière. M’écrasant de tout mon poids sur une tombe, l’épitaphe chuta devant mon visage. Il y avait écrit, en lettres de sang, mon nom. Ce n’était pas possible. On m’avait déjà enterré. On m’avait déjà oublié. De la terre brûlée, des émanations phosphorescentes s’élevaient. La brume fantomatique me cernait de tout part, puis, sous mes regards, elle prenait des formes humaines, hommes, femmes, enfants, vieillards. Leurs corps étaient mutilés, déchiquetés. Mais ils avaient tous les mêmes yeux. Des yeux excavés, vides, un néant horrible, tourbillonnant. Je me suis rappelé tes yeux. Un pincement me traversa la poitrine. Les silhouettes macabres ouvrirent à l’unisson leurs bouches. Je reconnus la voix, l’appel de cette nuit. « Que fais-tu, O malheureux ingrat ? As-tu déjà oublié Ta raison de vivre? NOUS as-tu déjà oublié ?» Etendu au centre de ce tourbillon spectral, serrant ma tête des deux mains, j’essayais de boucher mes oreilles en vain. Ils parlaient à mon cœur. Le cœur du soldat que j’étais. Ils avaient raison. Je les ai oublié. Dès l’instant où je t’ai vu, le soldat glacial, téméraire, suicidaire, avait disparu. Et eux avec lui. Une étincelle a brillé en moi quant tu m’as adressé ton premier mot. Une avalanche de sentiments inconnus dévalèrent en trombe dans mon cœur quant tu m’as sourit. ce sourire que j'ai senti forcer les portes de mon âme, s'y engouffrer et illuminer ses recoins obscurs. cette âme qui a reprit forme dès la seconde où tu m’as touché. Finalement, je suis devenu un homme à notre premier baiser. ce baiser semblable à une chute vertigineuse au profond de ma conscience, et dans ces abîmes j'ai découvert un monde si beau, si merveilleux, un paradis enfoui, terré dans l'apocalypse. Mais... ils avaient raison encore une fois. Ces gens déjà voués à l’oubli n’avaient que moi et mes semblables pour venger leur mort injuste. Ces femmes, ces enfants ravis à la fleur de l’âge ne seront pas honorés par l’affection, le regret ou la pitié. Et puis, sans nul doute, leurs horribles bourreaux ne vont pas fléchir et déposer leurs sabres, fusils et poignards à la vue de nos colombes, de nos cœurs enlacés, ou à l’écoute de nos vers d’amour et de paix. Non ! Il n’y a que la voix des armes pour cesser ces meurtres infâmes. Souvent, très souvent, le chemin de la paix doit croiser celui de la guerre. Les souvenirs de ces visages réapparaissent dans ma mémoire. Le souvenir de la machine à tuer que j’étais, jaillit de mes profondeurs. J’étais heureux en ce temps là. Heureux ? plutôt satisfait. Satisfait de ma brutalité, de mes jugements, de ma cause. Et maintenant, je commençais à me sentir coupable, égoïste. « Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi ! » De la haine envers moi-même d’avoir oublié je me suis mis à éprouver. Des larmes dégringolèrent sur mes joues. Autrefois, je ne pleurais pas. J’avais oublié ce que cela signifiait. J’avais oublié le goût des larmes. Le chahut culpabilisant et blâmant autour de moi, s’estompait lentement jusqu’à s’évanouir totalement. Je levai mes yeux vers ces bouches criardes d’où aucun son ne se faisait entendre. Le silence inonda le monde. Le premier depuis cet appel qui m’a réveillé cette nuit. Puis, une voix apaisante se fit entendre. C’était ta voix. La voix de ton souvenir. « N’ai pas peur ! » A ce moment, un rai lumineux traversa les ténèbres et un ange surgit du ciel. Je le regardai descendre dans sa blancheur éclatante, en ma direction. Ses ailes majestueuses balayèrent les âmes tassées sur moi, puis il prit mon visage entre ces paumes et me fixa. j'étais ébloui par sa lumière et je la senti happer mes tourments, aspirer mes peines et mes doutes. d'une voix rassurante, il me parla « Même toi, tu mérites d’aimer... et d’être aimé. L’amour est ton seul vrai guide, n'ai pas honte de le vivre, de le sentir... ne le regrette jamais ! » Ses lèvres se posèrent doucement sur mon front ruisselant et toute mon âme explosa en une déflagration de paillettes et de lumières. Quant j’ouvris mes yeux, ma bien-aimée me serrait contre elle en caressant mes cheveux tendrement. « N’ai pas peur mon amour, je suis là ! ».

A plat Sujet précédent | Sujet suivant

Sujet :  Expéditeur Date
 » UN APPEL DANS LA NUIT nighttalker 29/9/2008 23:43
     Re: UN APPEL DANS LA NUIT aleau 1/10/2008 16:26
     Re: UN APPEL DANS LA NUIT angiee 2/10/2008 18:15
       Re: UN APPEL DANS LA NUIT nighttalker 2/10/2008 20:23
     Re: UN APPEL DANS LA NUIT Honore 3/10/2008 15:44
       Re: UN APPEL DANS LA NUIT nighttalker 3/10/2008 18:23

Enregistrez-vous pour poster