Plume de soie Inscrit le: 18/4/2008 De: Envois: 74 |
École buissonnière Le soleil est posé sur quelques blancs nuages, Paisibles, endormis en couche orientale. L’occident est tout bleu, souriant, calme et sage, Promesse de beau temps, de journée idéale. Huit heures du matin, assis à mon bureau, Je regarde, indécent, les élèves studieux Qui composent blasés. La feuille a des carreaux, Tout comme la fenêtre où je jette les yeux. Alors, hors de moi-même et tout couvert de plumes, Je suis un oiseau blanc au regard de prophète. Je m’envole en silence au dessus de la brume, Voyageur insensé, tout au fond de ma tête.
Le ciel est mon royaume et la mort mon destin. Je suis si allégé que je m’oublie moi-même. J’avale les couleurs dont je fais mon festin, Me repais des odeurs qu’un vent malin essaime. Les frontières passées d’un très léger coup d’ailes, Je vois de nouveaux cieux, tombant en avalanche. Je vois de grands piliers farouches et rebelles, A la tête si pure et si froidement blanche. Je vois des serpents bleus musardant et paisibles Dans le vert insoumis d’un reste de forêt Et de tristes vallées frémissant insensibles Sous des arbres figés comme des minarets.
Mais je m’écrase au sol, au cri de la sirène. Les élèves sont là comme un muet reproche Je souris en cachant la douleur que je traîne, Oubliant ma virée, si lointaine et si proche. Le soleil est brillant comme mes souvenirs. Les élèves déjà rangent, tous, leur cartable Et sortent en riant, bien heureux d’en finir. Je reste désolé, les coudes sur la table. Le silence est profond tout comme une déprime. La salle est toute vide, un peu comme un remord. Suant de vérité, le monde me supprime, Me montrant le chemin qui conduit à la mort.
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