Mr Kalachnikov,
Regardes tous ces enfants,
Portant ton arme, ta catastrophe,
Regardes tous ces corps tombants,
Quand la savane s’échauffe,
Mr kalachnikov,

Tu fêtes le soixantième anniversaire de ta création,
Tu as révolutionné l’art de la guerre par ton invention,
Tu as réussi à faire de la mort un don d’imprécision,
Si peu cher, qu’il ne nécessite aucune privation.

AK47,
Souviens toi de ton créateur,
Rends hommage à ton maître,
Ne t’enrailles pas pour l’horreur,
Car ce siècle est une fête,
Pour le sergent inventeur.

Mr Kalachnikov,
Regardes toutes ces mamans,
Etouffant leur larmes, sous les étoffes,
Regardes les ne serait-ce qu’un moment,
Bois ce sang qu’elles t’offrent,
Mr kalachnikov,

Tu es sous les spots de toutes les rédactions,
L’ami des despotes en mal d’émotions,
Tu as donné à la mort un bon de réduction
Par lequel elle récolte sa morne moisson.

AK47,
Tu as fait le tour du monde,
Tu es de toutes les défaites,
Quand ton bruit sourd gronde,
La vie ne vaut pas un kopeck,
Toutes les nuit tu fais ta ronde,

Mr Kalachnikov,
je te parle avec le cœur d’un mourrant,
Si tu lis ses quelques strophes,
Tu diras que tu n’étais qu’un exécutant,
Que ton génie a supplanté celui de Simonov,
Mr kalachnikov,

Combien de destins soufflés pour ce mortel anniversaire ?
Ton beau gâteau ensanglanté, cuisiné dans les cimetières,
Contient le venin d’une humanité cruelle et bien légère
Qui pose des drapeaux de fierté sur les enfants militaires.

AK47,
Chéri par tous les damnés des nations,
Tu es partout sur la triste planète,
Tu détruits les désespérés sans précision,
A genou sur un bord de piste, tu répètes,
Tu allonges la liste de ta désolation,

Mr kalachnikov,
Ecoutes toutes ses balles sifflant,
Ce mortel chant qui t’apostrophe,
Ecoutes toutes ces rafales assassinant,
Ne laissant personne sauf,
Mr Kalachnikov,

Tu es venu dans mon salon, pas plus tard qu’hier,
Prêcher pour la gloire de ton invention meurtrière,
Il faut bien vendre les munitions que s’affaire
A fabriquer notre froide civilisation de fer.

AK47
Beaucoup moins cher qu’une bêche,
Tu arroses les jachères à la gâchette,
Ton engrais est fait de chaire fraîche,
On le connaît le mystère de ta recette,
La cadence de tes prêches,

Mr kalachnikov,
Je te parle de ce qui écœure le vivant,
Et même si tu fait le philosophe,
En disant que le malheur est inhérent
Aux thèmes des vils théosophes,
Mr Kalachnikov,

Pour moi, c’est un jour de deuil, de funérailles
Car, tour à tour, ton outil cueille et mitraille
Les enfants de l’amour quand ils déraillent,
Voilà pourquoi, je hais ta cour faite de canailles.

AK47
Si ce n’était toi, ce serait le M16 ou le FAMAS,
Puisque la mort à besoin d’une épuisette,
Qu’on lui donne pour la pêche en masse,
Une belle mitraillette.
Qui va effacer tes traces ?

Mr Kalachnikov,
Regardes tous ces enfants,
Regardes leur maman,
Te maudissant,
Mr Kalachnikov.