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L'ablette et le brochet L’ablette et le brochet
Fouissant le fond d’une rivière avec fébrilité, Une petite ablette, au reflet d’écailles argentées, Attira vers elle l’attention d’un énorme brochet Dont les dents exposées n’inspiraient pas la pitié.
- Holà cousin, que me vaut votre visite, Dit notre ablette surprise par l’intrusion, Est-ce ma recherche qui vous irrite Ou auriez-vous d’autres intentions !
- D’intentions ma belle, bien sûr que j’en ai, Qui plus est, elle est juste sous mon nez, Un peu maigrichonne peut-être, Mais qu’attendre de plus d’une ablette.
La petite qui n’était pas parmi les plus sottes, Douée d’intelligence mais aussi de jugeote, Rétorqua aussitôt à son horrible cousin Qu’un si petit repas n’éteindrait pas sa faim !
- Attendez plutôt, dit-elle, que j’ai fini le mien, J’ai, sous ma caudale de quoi doubler mon volume, Retardez donc d’un moment ma chronique posthume, Vous ne pouvez vous contenter d’un lilliputien.
Notre brochet de finesse des plus médiocres, Ne voyant en cela aucune équivoque, Accepta le marché sans trop réfléchir A ce que l’ablette avait en point de mire.
Sitôt dit, sitôt fait, elle se met au boulot, Grattant le fond aussi bien qu’un râteau Et par le limon ainsi dégagé De notre carnassier se fit isolée. Ce ne fut qu’une fois la boue dissoute Que le brochet compris l’entourloupe, Son repas s’était bel et bien envolé Comme l’alluvion transformée en fumée.
Rien ne sert d’être fort et méchant, Un jour ou l’autre, on peut être perdant.
Chibani
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