Où êtes-vous enfouis, tableaux de mon passé,
Dans un ancien tiroir où la mémoire loge ?
Attendez-vous sereins que cette vieille horloge
Ait le bras fracassé ?
Pourquoi demeurez-vous de timide posture
Sans rappel enthousiaste en fidèles envois ?
Le filet de ferveur que d’ici je vous vois
Borne mon écriture.
Et pourtant, autrefois, je connus des penchants
Qui mettaient tout mon être en juste effervescence.
J’en avais des émois qui faisaient mon essence
Et mes sujets de chants.
Bien sûr que je revois cette joyeuse époque ;
Il suffit pour cela que je sois disposé
A refaire un chemin où le temps s’est posé
Sans sonner la breloque.
Faut-il se prémunir contre tout vil oubli
En sortant, instamment, pour fuir la solitude,
Rencontrer d’autres gens, prendre plus d’altitude
D’un aplomb établi ?
En disant tout cela je me sens plus zélé
Comme si, sans autrui, je montais des enchères
Tout seul pour me doper de tendresses si chères
D’un soutien révélé.
Ô coteaux verdoyants Ô grands champs de minette
Vous étiez ces bons coins que j’aimais fréquenter !
Et je veux, en ces lieux, surtout vous présenter
Sans user d’épinette.
Je tairai cependant les raisons du plaisir
Qui venait, sans tarder, en la verte campagne
Quand, charmant de bons mots une ouverte compagne,
Je la voyais rosir.
Lorsque vous daignerez sortir de votre planque
Je parlerai, sans crainte et sans nul déshonneur,
De ces moments vécus pour mon plus grand bonheur
Sans un trou, sans un manque.