Plume d'or Inscrit le: 13/7/2021 De: Zhoushan Xiaosha Envois: 658 |
Les Dés mallarméens
I
suggestions_
la silhouette au coeur du trigone qui condamne le passage on lui a tranché la tête
effleurant mon pas de contrevenant maintes feuilles contrefont le marron des chérubins putrescibles où proémine le chef funèbre un trou érupte la pelletée phéophore réitère
de décidence en décidence une minute d'air nomade vient dérebuter un papier sur la candidature duquel une encre violine image la résurgence d'un thrène
II
l'apparu_
soudaineté duale
ces rubicelles lycofrages d'un regard qui
trans- fixe l'orée
nattée de secret et d'album
d'onirifié et de réel
III
vivification_
incluse dans la fenêtre une bête noire rayonne
et la divise une verticale fauve que lisère du blanc cassé
elle amorce le bondir et sa langue qu'elle tire ovalise l'andrinople et la crueur
chacun des sabots gorgé des imminences des chocs afin que les transparences quadrétoilent
IV
de la lampe à la lampe_
l'abat-jour matutinal avec sa lumière safran coule
devient un ruisseau
tout le jour je marche sous la pluie battante
jusqu'Ã ce grand lac qu'allument les feuilles d'automne
V
cacochyme_
elle glissait lentement à travers la pause des souffles après que les faîtes eurent effeuillé longuement
elle n'éprouvait plus la faim enfantine des ronces
abandonnant ses émaciements au parsemis de la chute polychrome qui allumait les arantèles verrières
un essor comme bris fit ce papillon des ignescences niellées de poudrin
VI
bestiaire sylvestre_
parmi le silence bruissé d'orle
du cri poignit la lettrine
et la ramure en jaillit actinies treillissant vers le ciel
tandis qu'entre les libers verticaux une silhouette de cryptide sertissait son instant dans l'ardente répercussion du vert pluriel
VII
église artérielle_
bordeaux radial tout au bout de la nef un coeur dépeint
les systoles verrières vêtent de rutilances tuniquées l'angoisse et la bienveillance le numineux vulnéraire et le demi-secret d'un ange
VIII
sentiment de sinople_
puissamment sur ma halte le vent souffle et sait les voeux de trouées où la traverser
en émotions il mue les faîtes et l'érinye se délite avec la plus fugace
au scintillé de l'alumelle le sang échéant allume ses nouveaux vaisseaux ses nouvelles issues
pour gagner les verts et se mêler aux ralentis de leur myocarde adoptif
IX
nova_
le beige transitoire de la semi-lune par-dessus la guipure des faîtes
le spadassin n'en finit plus de distancer le coup dans l'imminence des étoiles
les métaphores attrites fluent
les prosodies mélancolieuses et orantes gouttèlent
l'effus va se profilant en clair d'évadé
X
misère miraculeuse_
cette voix goujate et piètre incarcère la forme acuminée entre les contrats d'une tache qui avilirait le tapis de la chambre vingt-quatre
(rire triste et vigoureux)
or l'heur de la fantaisie a saisi là tout un délinéament ichtyoïde pour s'épanouir
et le reliquat d'arantèle suspendu au plafond patiente jusqu'à l'aubaine des pêches
il n'est pas exclu qu'accompli le poisson s'évade par la fenêtre en mansarde parmi la persuasion de pluie marine
il restera toutefois l'étoile liliale de la taie d'oreiller sa nage tranquille en le vêpre onirique à côté de mes veules appâts
tandis qu'en une dernière foudre mince s'évanouira le fil
XI
sépulturées_
dans la voirie neigeuse qui aura évincé la boue pour préluder aux transparences les feuilles d'automne endormant leurs limbes ignescents ont gagné un luisel à l'enfance même du cristal
XII
transmutation_
le couchant
mais essentiellement ce qu'il fait de la chambre avec l'instrument de la fenêtre en mansarde que j'ai entrebâillée
instrument car il y a imminence musicienne
et même organe car il y a le vivant s'évertuant
comme il appose le tremblé de ses quadrangles mirabelle sur les fleurs prasines de la tapisserie si éclose
un devoir de différence empreint les corolles une exigence de cloison fée
un nectar et son butineur naissent de la reluctance du jour qui expire
XIII
la dernière proie_
une sphère de soie tissue de bleus et d'ors lentement descend vers l'appétition du jaguar
après quelques rebonds sur la tacheture frémissante elle roule les reliques du rouge loin de la griffe pannée
XIV
rescousse_
enluminures des carreaux pointillés des réverbères serpentements duals des voies
parsemis du contrebas les lueurs de la ville à l'orée de la nuit
vont mosaïquant un phare pour guider la cathédrale sur la mer de brume
XV
les galaxies silenciées_
ce soir les flambois zéphyriens de la forêt haussée au fusain brûlent le poème mystique transmis à l'encre d'étoile sur le rouleau bleu nuit
dont le souffle du déploiement époudre le sépulcre lactescent de l'auteur et le fermail de l'almageste princeps
XVI
suicidé_
des heures de vent sont délivrées le jaune pâle nervure une voile la roseur de son ovale enfle
sur la main diaphane gouttine une rade fraîche
lorsque les pulpes se desserrent une nuance de pouls dernier fait papilloter un sillage
XVII
le pleur-ciel_
sur la veilleuse de la tombe cet ange peint les yeux clos
sous la flamme surabonde son silo de larmes safran
XVIII
sagittaire_
la brume estompe les arches du pont
dardées les tours dans l'immobile les feuilles d'automne adverses à la résurgence des rais les flèches de jais pour la cible et l'aile affines
XIX
couronnement du surréel_
une longue suite de traits d'ombre au bord de l'hectare
ma main sait en faire une réunion multicaule
et mon pas sait partir à la recherche de ses corolles
XX
suicidance_
de son chandelier qu'incèrent les coulures ruinistes le tango veuf d'une flamme domine le bain et son oscillatoire vivant
cette chair d'orange claire qui ouvre et élonge les emperlements de son angle
le miroir qu'embue du safran détient un secret qui passe le reflet de la complexion échappant le coutelas à son relèvement d'entre les eaux algides
XXI
émancipation _
à la pointe de chacune des branches de la rose des vents s'exhalait ce cerf-volant même que la main vulnéraire de l'enfant est sur le point d'échapper quand promener ainsi le ciel en laisse va meurtrissant jusqu'aux bleus les météores de son regard
XXII
legs périhélie_
au pétale rose j'ai remis le demeurant de ma vie
le vague va scénographiant les palindromes de la durée à l'acmé diaphane
XXIII
arborescence_
du titre d'une pièce lointaine une Égypte onirique m'ennuage
par ses pulpes généreuses un sycomore m'a engourdie à son écorce le sommeil m'adosse
et parmi le succès nocturne les palpitations exquises qui fleurissent ses ramées vont constellant ma scène assoiffée de réplique
XXIV
ravissement_
mes soifs s'étanchaient surtout à sa lenteur clarinée de verseuse
tout autour de la cascatelle de thé couleur d'aurore éclosière l'immuance en céramique bleue des papillons kyrielles
XXV
après la giboulée_
gifle de neige donnée à ta pierre tombale
dans l'ovale dédoré le visage fond
à chacune de tes transparences fait escale l'arc-en-ciel
XXVI
juillet nué_
une jaillie nielle de son oiseau l'azur
son éploiement nébuleux souffle et relustre les coquelicots frumenteux
XXVII
révélable_
lentement s'ouvre le bordeaux des volets
le rose diaphane des corolles parsème les alentours de sa béance feuilletée
la latence est défiée par une pulsion de coffrets
et des aigrettes multiplient l'oblique volante au-dessus de la route
mon voeu de délivrance aussi s'enhardit à empenner ma péripétie
XXVIII
cardiaque_
prélude à l'automne le sinué des feuilles
et leur diagonale plurielle inachevable estompement des fûts
systoles vermeilles et or de brise
qui approchent du coeur
XXIX
la vieille maison_
les volets de grenat sont déclos
les carreaux brûlent de corolles garance
bûcher des reflets et du fantôme qu'ils déguisent
XXX
rouge_
marinier de la brise
un pétale fait halte
un rai telle une épingle
la pierre aussi saigne
XXXI
extinctions_
dans la salle d'eau la cire ruiniforme aura enseveli le chandelier
en flamme négative un papillon point
s'en détache
et volète
jusqu'au safran inégal qui lingote la lampe
longuement prodigue de sinuosités et de rebonds
enfin au clair d'orangé il se pose en patience de plaie
XXXII
voleurs d'éclats_
les intermittences des nuées rallumaient sur l'édifice les ors dont les griffons s'étaient demi-vêtus
de passage en passage tramant une envie tumultueusement des freux iraient diminuant l'ascendant d'un soleil
XXXIII
aux prémices de la fenêtre et de l'abat-jour_
des émanations de croix dans le trouble lamellé du safran blême
un levant est supplicié
un rhombe lactescent trémule d'asyndète au mitan des armoires
orphelin de la clarté
XXXIV
au bal céleste_
un délicat nuage noir glissait ses métamorphoses sur les étoiles
et presque de concert nous nous sommes écriés : « Regarde, la lune va mettre son loup et pourtourner les yeux qu'elle a posés sur nous ! »
c'est depuis ce nocturne-là que je m'évertue à raviver ta voix et ton parfum avec des poèmes lucides qu'un aérien velours masque
XXXV
vitrail résurrectif_
ce rai de tous les franchissements autour duquel s'étoffe ton épiphanie
XXXVI
fenêtre de l'embellie_
rose un drap cascatelle suspendue
et la vétuste lanterne son rêve d'y retremper la lande de ses cires
XXXVII
messidor après la guerre_
tant de sang linceulé de nocturnales cyanées
à déblondir pour jamais nos moirures de pain
XXXVIII
relèvement d'entre..._
partout dans la maison de Marianne des fragments de craie
multicolore ossuaire sporade
et l'enfant Louise infatigable à redessiner
à rédimer
à réinventer
le corps sur le tableau noir
XXXIX
sanguine_
parmi la façade que le courre insole des dorages léoninent un découpage
dans le dernier quart des degrés qui me dévoient et qu'il domine les mines de mes carotides exécutent une proie
XL
fraction d'octobre_
la bruine perlière platine l'effeuillement
sanguines digitées et xanthies nervurent ce rêve de transparence
où passer la saison de méchoir
XLI
aumône_
mon coeur en oripeaux de mendiant pour ce rai du levant vaisseau pollinique des voilages
XLII
réconfort_
de carreau en carreau le serpentement d'un flocon
sa morsure de fraîcheur dans le sel de mon pleur
XLIII
crayonnage d'enfant_
entre le bonhomme de neige et la fillette rose un coeur orangé qui le dispute à l'arbre pour affruiter les nuages
XLIV
au cimetière de Zhoushan Xiaosha_
au travers de mes pensées la ravissante libellule
et l'éclat joignant l'éclat m'est soufflée la solution
XLV
partages_
s'élucide et s'irise aujourd'hui le foyer de la force qui me fut donnée au moment où il fallut lever avec ton père et ton frère le poids de ton cercueil blanc
quand je vois cette libellule inlassablement revenir entre le ciel et ton stûpa infatigablement prenant sa part de mes journées sans trajectoire et sans réponse
XLVI
ailes soeurs_
j'escompte retourner à Zhoushan en oiseau parent de ta cendre et en résurgence surprise de transpercer le fabuleux
XLVII
le cryptide hyalin_
dans l'angle du carreau se réfléchit le crépuscule de la chandelle
un félin mûr tombant de l'arbre en est pénétré
au milieu de la cour se figeant son regard est un oeil bleu cendré et une flambe à l'équerre
XLVIII
adoptions_
aussi je consacrai des journées entières à parcourir les voiries pour recueillir les étoiles foulées
et dans la modicité de ma paume s'incurvant ces denses orphelines des altitudes savaient étancher leurs soifs
XLIX
aube_
à la pointe de mon bistre insomnieux se perce et se dilacère le vague fuligineux des masses émergentes
il en jaillit des corolles hiémales qui arquent en roses un ciel au-dessus de la cour que viennent furtiver des gemmes de félins
L
du feu au feu_
ma tempe effleurée par l'oiseau de cendre
ma pensée fugitive déjà évanouie dans le brasier urbain
LI
nuance_
sur un degré de l'escalier qu'octobre pyrochrome illuminait
par lequel je progressais vers le jardin public enlyré de l'absolu de l'enfance
ce morceau de papier
rouge
dont la mouillure parut récente
 il manque du cruor quelque part au plus guerrier des alizarines
LII
la jeune passante_
l'éclaircie vole les moroses
et tout à coup dans l'hymne ruisselé de la ville sur les barbes lucides d'une plume perdue ce pas gracieux et complice à en recomposer l'oiseau qui préludait au premier ciel
LIII
apesanteur_
tout le rose du jour réuni en cet aluminium globulent qu'a foulé mon pas
d'anthracites en automnures de mélancolies en réembrasements abstrait des directions et de leurs contrats
il s'évertuera à décacher les jardins
LIV
séjour_
j'aime, au bout de tous mes nomadismes, revenir dans ce logis qu'on appelle "la petite chambre", foyer où d'abord convergent toute sorte d'inflexions de voix insaisissables, pour s'éteindre par degrés, et ensuite faire saillir, laisser peser, le fruit du plus nourrissant silence ; la récurrence des oiseaux de couleurs baignant dans la lactescence des voilages, qui ne les dilue cependant pas ; et ceux-là qui sont gorgés de la nuance rouge sang tendent ardemment vers l'incandescence vermeille de la poignée qui claire la promesse du vol et du ciel
LV
ravissement_
il traversait le long clair-obscur de la forêt
lorsqu'il franchit la lisière il s'aperçut que le bouquet qu'il avait ourdi de musarderie en musardise à travers les champs circonvoisins était entièrement effeuillé
médusé il essaya de revenir sur ses pas
une brume parme, des linéaments incarnats, des ondes bleu effaré allaient métamorphosant et approfondissant le clair-obscur
il desserra la caducité de son poing et tandis que les tiges sans pétales s'échappaient aux fins de joindre l'humus
le sublime lever de sa main fit une étoile éclatante
LVI
désir de dérive_
au faîte empoussiéré de l'étagère
l'ange de toute sa nudité de bronze se prélassant
mire l'écaillure et la brisure de son vol dans l'outremer du grand vase
LVII
prise_
poussière d'eau dans la lumière froment de la lampe circulaire
les fils arachnéens scintillent d'absence
mais les grandes ailes éployées que la pulpe ingénue de mon index dessine dans la buée des carreaux circonscrivent l'azur
LVIII
par-delà _
de toutes leurs couleurs les enfants font avec la rue de pétillantes sinuosités et les perpendiculaires les plus abstractrices
LVIX
éclat d'éternité_
et d'un soir s'augmente l'arcane
aussi du jardin se prononce la saillie lumineuse du rose
dard vrai dont frissonnent les flancs de l'ogresque temps
LX
goniokinésie de l'automne fluvial_
l'angle infatigable que refait l'oblique sud des foisons de feuilles décidues avec l'horizontale du courant où elles nordissent
LXI
impassible_
à l'intérieur d'un lanterneau au pied de la madone écailleuse une bougie brûle son semblant d'éternité
fraction marmoréenne où trémule du rose
parangon du vent qui agite le long lé de la mer en traversant les cimes où sombre ma prière
LXII
théâtre_
myriades de cigognes
effarouchées par mon pas à l'arrêt elles s'envolent
ravissant l'étoffe prasine des prés qu'elles tirent sur l'acte azurin
LXIII
plaie_
une feuille lance dansante écorche le vent qui l'emporte
la venelle où je m'engage effusion de solitude
LXIV
de promenade en promenade_
depuis si long temps de rêverie ce ne sont plus des branches brisées au-dessus de la rivière
les berges pêchent à la ligne l'éternité du courant
LXV
nuagelet_
bleu ciel et s'il s'approchait de la cruauté l'oiseau lilial qui se défait indéfiniment dans ta vasteté
et que la cadence palinodique reconfirmant la crueur du ponant aliène des envergures et des hautesses
LXVI
impressions d'église_
de très hautes ouvertures, nutricières des rêves du vitrail, allument les ors qui ceignent, enrubannent ou arment
la blancheur éclatante des suggestions qui vêtent les hagiosomes consume le succès de la matière
une mélancolieuse musique sera récurremment discontinuée par cette tousseuse spectrale que je tiendrai pour une moniale lorsqu'elle aura trouvé l'espace et le temps du cimetière de mes fées
Tradescantia
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