Moi je parle
Moi je parle d’un cœur dévasté par le rêve
Je parle de celui qui dit la vie
Toute la vie et rien que ça
Il s’est expulsé de lui-même
Et de l’espoir
Bon Ă rien , sauvage, barbare
Hors de lui-même et de l’humain
Et il crie quand il dit
Je suis lĂ
Parmi vous et vous n’y pourrez rien
Moi, je parle de la haine, des autres et la mienne
Et de l’ami qui là -bas lutte pour un amour lointain
Et de savoir cela dans le soir et le matin
Je parle de celui dont le corps ne compte pas
Ne pèse pas
Moi je parle la douleur de cet homme
Douleur nue de son cœur
Moi je parle de ma voix et mes sanglots
Moi je pleure ceux qui sont loin de moi
Oui les autres
Ceux qu’on parque, ceux qu’on marque
Ceux qu’on ignore et oublie
Eux, la vie ne les oubli pas.
Moi je parle des mots qui biffent et rejettent
Des mots qui explosent et blessent
Des mots terroristes des mots oppression
Des mots identités et calibrage
Conformité et intégration
Des mots qui mettent en case qui mettent en cage
Des mots qui tiennent au large.
Moi je parle des mots déserteurs
Mots de la muette qui ne sait plus parler
La bouche pleine de blasphèmes
La tĂŞte en attente de mots, en attente de rĂŞves
Et personne ne l’entend.
Paroles de ce poète aux lèvres scellées
Sur des charbons sur des coulées
Et qui n’attendent plus d’être au jour
Aucune oreille n’est pour elle
Chant de l’amoureuse oubliée
Que personne ne visite que personne ne voit
DĂ©jĂ morte avant de mourir
Je parle
Je suis l’Ogresse solitaire
Je suis l’exclue, l’exilée de soi
Je suis le chemin
Et le monde et son aventure
Je n’ai de place nulle part
Chez moi trop loin et ailleurs trop Ă©troit
Le monde n’est pas prêt pour moi
Il est en séparation, il est en tri
Il est en exclusion et en calibrage
Moi je suis le mélange et le brouillon.
J e parle en mots nus
RĂŞve pour ĂŞtre vrai
RĂŞve pour ĂŞtre justes
Au cœur du monde et non à son pourtour
Je RĂŞve oui
Moi je rĂŞve de toi
Moi je parle de toi
Oui je parle de mon amour pour toi