Seconde version


Les mains en oraison, l'esprit dans les étoiles,
Nos filles et nos fils sont à l'église unis,
Il tombe sur les fronts, les couronnes, les voiles,
Tout l'attendrissement qui tombe sur les nids.

Comme elles ont grandi nos jeunes hirondelles !
Du pont de l'innocence à la maturité
Quelques rayons épars illuminent sur elles
Des reflets de candeur et de sincérité.

L'adolescent fleurit au jardin de l'aurore
Et, malgré les sermons, les rites et les mœurs,
La parole de Dieu trop souvent incolore
S'épuise à pénétrer les âmes et les cœurs.

Sur le parvis flambant de lumières divines,
Le rang des enfants sort du monument pieux
Comme dans la nature un buisson d'aubépines
S'embrase sur le seuil d'un bois mystérieux.

Un concert tapageur surgit du campanile
Et fait dans la campagne un tumulte éclatant :
L'oiseau quitte sa branche...Et, de l'oeil juvénile,
S'enfuit la gravité du liturgique instant.

Les petits puis les grands conduisent le cortège ;
Songeant à ce que fut leur lointain sacrement,
Vieux arbres recueillis et dignes sous la neige,
Les grands-parents épient le moindre mouvement,

Et, bien que s'évadant des attaches mystiques,
Le lien solennel lentement altéré,
Une étincelle inspire aux regards extatiques
Un peu de leur printemps trop vite évaporé.