Dans ces yeux azur une tristesse profonde
Ce jeune homme plaidait une étonnante cause
Elle est restée sans voix , sa requête l'indispose
La juge, toute en émoi pour ce récit immonde

Ce plaignant à peine entamait la vingtaine
L'âge de croquer la vie, en toute insouciance
Elle le voit chez son fils comme une simple évidence
Trop jeune pour subir de lourds fardeaux en traine :

Madame, permettez-moi je réitère ma requête
Je désiste de mon gré de l'infâme patronyme
Qui ne me sert à rien, bien plus il envenime
Davantage ma vie qui n'est guère chouette

Ce père, de toute ma vie je ne l'ai connu
Abandonna ma mère et moi en son sein
En quête d'aventures, désinvolte saugrenu
Fuit toujours le pur pour un monde malsain

Il a beau vous charmer par des phrases mielleuses
Prêchant faussement vertus, passions sincères
En fait, des mensonges pour ces eves amoureuses
Cherchant son vil égo, le reste n'est que chimère

Il continue sa quête dans ce chemin hideux
Il me fait honte à moi, de même qu'à mon frère
A l'âge des folies nous sommes bien plus sincères
Tout ce qui a trait à lui m'est si cauchemardeux

Voilà je lui balance ce nom que je déteste
Et si c'était possible, je restitue ses gènes
Je ne veux plus ses traces qui aggravent mes peines
Ce patronyme de honte, tout fier je m'en déleste.

Un acte plein de noblesse est le fait d'être père
Je l'ai compris plus tard, en somme à mes dépends
Il ne suffirait guère d'être un simple géniteur
Mais avoir une conscience et de nobles sentiments.

Esperances.

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Avons-nous les mots pour regarder le monde dans toute sa beauté, ses détails et sa fragilité ?

- Chateaubriand