Le grand voyage

Il a rêvé longtemps de l'immense voyage.
Il voulait voir la Chine et l'Afrique du Nord,
La Nouvelle-Zélande et sa faune sauvage,
Entendre le Brésil fredonner à tribord.

Il voyait dans sa tête un vaillant accostage
Sur une île lointaine, un ciel bleu sans raccord,
Des couronnes de fleurs et puis ce doux visage
Au sourire magique, aimable dès l'abord.

Il a franchi le pas dans l'aube merveilleuse,
Quand le vent frémissait comme un songe alarmant.
Il a levé la voile et quitté la berceuse
De son pâle lilas, du mistral embaumant.

Dans sa frêle gabarre et sans nulle veilleuse,
Il a gagné le large au murmure calmant.
La vague le charmait par sa frange écumeuse,
Il était sûr de lui, mais sans rien d'infamant.

Son périple éperdu dura toute une année,
Il grandit dans son âme et trouva son amour.
Elle était là paisible, aimable dulcinée,
La brise caressait sa figure glamour.

Elle le reconnut car dans sa destinée,
Il lui fallait choisir pour égayer le jour,
Un étranger bizarre à la face tannée.
Lui-même fut ravi par ce tendre séjour.