Chers oasiens, je vous soumets un petit jeu pour pousser à la création. Le principe est fort simple.
- prenez un dictionnaire
- regardez combien de page il a
- demandez à un générateur de nombre aléatoire de choisir une page pour vous
- comptez le nombre d'entrées sur cette page
- demandez au générateur de nombre aléatoire de choisir un mot pour vous
- composez un poème à partir de ce mot

Voici ce que le très saint algorithme a choisi pour moi et ce que j'en ai fait.

Sociologiquement

On pourrait avancer,
Sans peur de se tromper,
Que la foule est idiote.
De la basse ou de la haute,
Du passé ou du présent,
Sociologiquement,
Sitôt que le pluriel
Bat son sombre rappel,
Et que la tête seule
Devient cinq cents et veule,
Elle n’est qu’une voix,
Qu’un cri, qu’un brouhaha
Émis par cinq cents bouches,
Distordus et farouches.

Ce cri uni, pourtant,
Paradoxalement,
Désunit les pensées.
Irait-on converser
Avec quelque frondeur
Ou bien quelque casseur,
Gloseur de politique,
Ouvrier colérique,
Mère chargée d’enfants
Ou marcheur complaisant,
Que peu d’entre eux auront
D’identiques raisons
De crier au ciel blanc
Leur mécontentement.

La raison du plus fort,
A raison ou à tort,
Autant juste qu’inique,
Du plus charismatique
Deviendra l’opinion,
Leur unique fanion.
Alors l’autre pensée
Par moment se soumet,
Fait quelques concessions
Ou bien fait sécession.

Par moment, c’est bien pis !
Il se croise un épi
Qui ne sait ce qu’il fait
Dans ce grand champ de blé,
Ou qui pense savoir,
Et c’est un pire écart.
Bien qu’il soit dans l’erreur,
Il n’a pas moins d’ardeur.
Il est aussi possible,
Passant le champ au crible,
Qu’on n’y voit que l’ivraie ;
Car parfois cet homme est
Pour la foule extatique
Le plus charismatique.