Repus, ils l'ont jetée. Enfant souillée, cassée,
Lynchée par cet amour assouvi dans l'horreur.
Fauchée dans son désir de se voir fiancée,
Au jour de dominer la crainte du bonheur.
Tout son être abîmé pourra cicatriser,
Mais son cœur outragé ne saura pardonner.
Ses envies violentées pourront s'apprivoiser,
Mais ses yeux révoltés ne sauront raisonner.
Vêtue comme une fleur, pour être simplement,
Son corps ne recherchait qu'Ã vivre sa jeunesse.
En offrant la chaleur de son rayonnement,
Juste pour le regard, sans donner de promesse.
Et les trois meurtriers sont partis fièrement,
Avec dans leur bas-ventre, une satisfaction.
L'inviolable impression d'user d'un sentiment,
Accordé par les temps de leur domination.
Vertement sermonnés pour cette gaillardise,
Ils s'autoriseront à ne plus rançonner.
Comme un viol après tout n'est qu'une gourmandise,
Ce péché naturel peut bien se chiffonner.
Mais le vrai jugement aura lieu pour la gosse,
Coupable d'être ainsi et de nous captiver.
Sa pauvre faute étant de n'avoir pas de bosse,
Car la difformité aurait pu la sauver.
Elle ira dans l'oubli, triée comme un déchet.
Avec au fond du cœur la haine envers ces hommes
Qui l'ont considérée comme un colifichet.
Enfanté simplement pour croquer dans leur pomme.
Ainsi ne restera, que de ces "pruderies",
Ne sachant colorer l'horizon de nos yeux.
Les belles resteront près de leurs broderies,
Voilant avec rancœur le soleil de leurs vœux.
- Arteaga
( Recueil : " FAITS DIVERS, bien trop divers")