MES DERNIÈRES VOLONTÉS…

Pour le jour de ma mort,
Surtout vérifiez bien,
Le grand froid de mon corps,
Je suis douillet, j'y tiens.

Je suis pas trop légumes
Et si j'en deviens un,
N'ayez pas d'amertume,
Débranchez mes machins.

Puis, seulement après,
M'avoir croqué le doigt,
Vous pourrez prélever,
Des bouts de votre choix.

Et après la bouchère,
Faites entrer la brodeuse,
L'infirmière couturière,
L'artiste maquilleuse.

Faites de moi une star,
Rendez-moi de l'envie,
Du feu dans le regard,
Que je paraisse en vie.

Pour l'incinération ?
Je dois rester logique,
Il n'en est pas question !
Je suis écologique.

Je préfère qu'on m'enterre,
À côté de mon père…
son absence fut amère,
Il sera là sous terre…

Et puis elles iraient où,
Mes femmes et mes maîtresses,
Me cracher leurs mots doux,
Leurs furies de tristesse.

Au fond de mon cercueil,
Je voudrais de la prose,
C'est le petit recueil,
D'un prince et de sa rose.

Pour mon choix de musique,
je veux de la française,
Du simple et du basique,
Des chansons un peu niaises

C'est parfait un Voulzy,
Pourquoi pas un Souchon,
Un Cabrel, un Johnny,
Pourquoi pas "j'suis bidon."

Pour mon cœur décédé,
Je veux, je vous en prie,
Un bon vieux DVD,
"César et Rosalie."

Et puis quelques photos,
De mon toit, de mes proches,
Je voudrais quelques mots,
plus une lampe de poche…

Je ne crois pas en Dieu,
Mais j'adore les églises,
Menez moi en ce lieu
et priez des sottises.

Oui ? Je suis baptisé,
Oui ? J’ai dû communier,
Je ne suis pas marié,
J'ai donc pas divorcé.

Je suis donc admissible ?
Sur un nuage là haut?
C'est un champ, un possible?
J'hésite entre deux beaux…

Car si le paradis,
Est bien pour son climat.
L'enfer c'est top aussi,
Par certains qui sont là.

Je pense aux prostituées,
Aux poètes maudits,
Aux homos qui sont gais
Et à Gainsbarre aussi.

Mettez-moi dans la poche,
Un aller pour Paris,
Notre-Dame est si proche
Et puis Pigalle aussi…

Aujourd'hui je m'en vais
Surtout pleurez de joie
Habillez-vous de gai
Et parlez haut de voix.

N'écrivez pas sur moi
De la béatitude.
Vous ne connaissez pas
Toutes mes turpitudes...

Et puis ce qui est bien,
C’est que mes funérailles
Vont retisser des liens
Et faire des retrouvailles.

Alors merci à vous,
D’avoir fait un détour,
Je vous attends debout.
Je décompte à rebours.

Thierry.