Plume de soie Inscrit le: 20/9/2019 De: Envois: 149 |
Sans enfance...
Une brique empilée et puis ainsi de suite Pour sans fin reproduire un misérable geste, Sans repos, sans répit et sans moyen de fuite, Fourbu et fatigué comme atteint de la peste.
Voyez ses frêles bras et son corps si menu, Voyez ses doigts rugueux brûlés par la sueur, Voyez cette douleur quand le mal s’insinue Et le fond de ses yeux dépourvu de lueur.
Une brique empilée sous l’odieuse chaleur Sous le sable et la boue, sous la poussière hideuse, Noyé dans le silence au fond de sa torpeur Il n’est plus qu’un amas de pensées douloureuses.
Voyez ce petit être où l’ange se tapi : Peu à peu s’atténue le soleil du flambeau, Alors qu’il est encore à l’aube de sa vie Le malheureux, déjà , fabrique son tombeau !
Oh ! Lâcheté de l’Homme, oh ! Viles créatures ! Déshonorants sujets de notre race humaine ! Vous qui livrez ainsi vos frères en pâture Comment pouvez-vous vivre avec autant de haine ?
Comment peut-on laisser travailler… des enfants ! Entendez ma colère éclaboussant le ciel ! Entendez mon courroux, entendez l’olifant ! Par des mots revêtant l’encre à l’habit de fiel !
Et l’Homme, paraît-il, devient « Je » par le jeu… Mais qu’advient-il de lui lorsque l’enfant travail ? Soumis au joug sanglant d’un mercantile enjeu… Que devient un enfant que l’on traite en bétail ?
Perfidie que de prendre un enfant en otage ! Bassesse, ignominie que d’exercer la force ! Changer sa sève en sang et son amour en rage : C’est le priver, hélas, de sa future écorce !
Enfin, que diable ! C’est la vie que vous tuez ! Quel est donc ce brouillard à couper au couteau ? Quelle est devant vos yeux cette étrange buée Qui vous rend si aveugle et qui vous fait bourreau ?
Regardez cet enfant, il grelotte de froid, Il appelle au secours dans le silence morne, Il grelotte d’amour en son cœur aux abois : Dans son corps de vieillard, sa souffrance est sans bornes !
Regardez cet enfant, n’est-ce pas une larme Qui perle sur sa joue à la place d’un rire ? Recomptez vos billets puis rengainez vos armes: Permettez au printemps d’éclore et de fleurir !
Un enfant travaillant est la pire des choses ! Un enfant travaillant, ne l’oubliez jamais, C’est la perte de l’âme et la fin de nos roses… C’est la mort annoncée du tendre verbe : Aimer !
Nos péchés, paraît-il, même les plus odieux Nous serons pardonnés… j’ai pourtant un souci… Car que répondrons-nous à la question de Dieu : « Comment avez-vous pu vous comporter ainsi ? »
(Plus de 150 millions d'enfants travaillent dans le monde)
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