Novembre, doux mois automnal,
Qui parfois aussi fait mal,
Avec tous ces cris en thème,
Qui fleurissent et gisent à terme.
Les fleurs tombent une à une,
Et effleurent en vain les tombes,
Les éclairent sous la lune,
Ou vacillent dans l’ombre.
Les spectres de nos pensées s’alarment,
Réveillent tous nos enfouis drames,
Agitent nos souvenirs doux et amers,
Brouillent à jamais tous nos repères.
Novembre, si frileux et venteux,
Les fantômes s’évanouissent enfin,
Nous rendant tristes mais heureux,
Car tout ici-bas renait sans fin.
Brutale déchirure de sa parure d’or,
D’un été déjà parti, mauvais sort,
Annonce violente d’un parfum de neige,
Belle parure glacée, qui nous assiège.
Les saisons changent le cœur des êtres,
Et si Novembre peu à peu nous assoupit,
Il annonce déjà le moment, tel des vêpres,
Du soir de nos longues vies, sans répit.
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L'homme est le rêve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).