Problème de couleurs


S’il arrivait un jour que tout soit modifié
Et qu’on ne sache plus à quel ton se fier
Verrions-nous notre vie sous de meilleurs auspices
Si la couleur du vin modifiait notre vice.

Avais-je ce jour là bu un verre de trop
Pour que je cherche ainsi à le mettre en ces mots
Toujours est-il que je vous livre cette affaire
Comme à mon habitude en le faisant en vers.

Un petit hérisson qui, dans ses aventures
Par un jour ébloui d’un trop plein de sommeil
S’était par pur hasard recouvert de peinture
Indigo qui luisait comme un sou au soleil.

L’affaire fit grand bruit dans le monde animal
Lorsqu’il réapparu dans sa nouvelle robe
Mais personne n’osa le traiter d’être snob
Car tous considéraient sa parure géniale.

Et l’on vit aussitôt, parmi ses congénères
Comme à d’autres animaux adeptes de couleurs
Les sangliers opter pour du rouge ou du vert
Chacun y souhaitant un peu plus de chaleur.

Les canaris s’étaient de grenat revêtus
Les aras n’étaient plus de couleurs convenues
Même les éléphants recherchaient dans leur quête
Des tons plus rutilants, nouveaux habits de fête.

Que dire des corbeaux qui délaissaient le noir
Pour d’autres tons joyeux qui engrangeaient l’espoir
De robe rutilante, tels des chardonnerets
Mais dont la voix hélas marquait toujours l’arrêt.

Ainsi dans les forêts, aux couleurs arc-en-ciel
Les loups devenaient rouge et les taupes fluo
Les rus se constellaient de milliers d’étincelles
Lorsque les éphémères y dansaient en duo.

Quand la diversité amena les problèmes
L’homme s’enquit alors d’imposer une norme
Blanc, rouge, noir ou jaune, mais un seul uniforme
Où l’incolore plairait au nouveau système.

Oui mais par l’incolore, on ne se voyait plus
Si l’arôme restait, la rose avait perdu
Ce qui la distinguait mis à part les épines
Et les chemins n’étaient plus de ceux qu’on chemine.

Même la Terre avait changé sa teinte bleue
Ce qui faisait qu’on la confondait aux nuages
Mais il restait encore et cela fut heureux
De petit verts luisants conservant leur usage.

Ces petits points brillants comme sont des étoiles
Rendirent à l’Univers l’ancienne fantaisie
Et l’on vit aussitôt des peintres sur leurs toiles
Remettre des nuances aux meilleurs tons choisis.

Puis le poète ne voulant pas être en reste
D’une plume aguerrie au bout de sa main leste
Saisissant une page se mit à composer
Sans chercher à savoir la couleur des versets.

La Terre en fut changée grâce à ces deux artistes
Des tons plus nuancés se mirent sur la liste
D’un futur arc-en-ciel reliant l’avenir
A ce que la beauté avait en souvenir.


Chibani