Le bossu

Quand on doit remonter de tout en bas,
Il y a toujours des creux et des crosses.
Mais malgré les claques et les coups bas,
Il faut continuer à faire rouler sa bosse.

Il a fallût courber bas sans orgueil le dos,
Jusqu’à ne voir que le dessus des chaussures.
Il a fallût porter à bout de bras le fardeau,
Et serrer les poings pour fermer les blessures.

Il a fallût se taire et tendre l’oreille,
Plonger dans les livres et apprendre.
Devenir sourd aux appels du sommeil,
Pour tout rattraper et tout reprendre.

Il faut être malin et magnanime,
Pour plaire au milieu de la cours.
Il faut être adroit aux énigmes,
Pour gagner au jeu de l’amour.

Il a fallût qu’elle me donne ses atours,
Et que « Gonzague » nous séparent.
Que la vie m’attende à un de ces détours,
Que je sois à genoux sur un trottoir.

Il a fallût que je parte me reconstruire,
Dans les bras de ma belle Espagne.
Rebâtir ce qu’ils ont essayé de détruire,
Sous le soleil de ma terre de cocagne.

Il a fallût réapparaitre à visage masqué,
Que je me cache sous un costume.
Pour mettre à découvert la main marquée,
A la pointe du panache de ma plume.

Pour faire sortir le traitre de son repère,
Et lui dire avec mon épée en bois.
Puisque tu n’es pas venu à Lagardère,
C’est Lagardère qui est venu à toi.