Ma seule richesse

Le cœur est une chose sans discipline ou se dissimule l’étrange,
Une aiguille capricieuse qui ne bât jamais à la même allure.
Le cœur est cette chose composée d’un indescriptible mélange,
Fait d’odes savoureuses et de combats ou mène la déchirure.

Mon essence a été condamnée aux assises des affabulations,
A être pétrifiée par la solitude, figée mille ans dans la résine.
Cet arôme qui pourtant ne rêvait que de longues dissertations,
A été interdit, censuré, contraint au silence des tristes mines.

Ma seule richesse est cette encre au parfum suprasensible,
Une valeur pure qui à wall-street n’aurait pas son cours.
Une rivière de « diamots » libre aux dessins imprévisibles,
Qui réveille mes pages aux sens des fragrances de l’amour.

Ce baume délicat est abrité dans un flacon resté intact,
Reposant depuis le big-bang pour devenir le plus intense.
Une odeur oubliée qui s’évapore au rythme de mon tic-tac,
Un bleu de méthylène qui ne s’efface, un élixir de jouvence.

Mon cœur est une chose qui ne se pose que sur celui d’un ange,
Et d’où suinte cette liqueur mystique qui alimente mes sentiments.
Son cœur est cette chose échouée sur les récifs de ses phalanges,
Et d’où se consume un poison noir amer jusqu’à la fin des temps.