Ne me demandez pas quel est donc le chagrin qui emplit mon regard,
Je ne parlerai pas, parce que le monde est vie et qu'il ya quelque part,
Dans un royaume obscur, dans un trou du destin, un gosse à moitié nu,
Un jeune homme gracieux, un ami de toujours que je ne verrai plus.

Ne me demandez rien, je ne peux raconter en quelques mots choisis,
La joie d'une amitié, l'espoir d'un lendemain que nous avions fleuri,
La douleur de ne plus avoir entre ses mains un bonheur partagé,
Il est des cris sans voix, il est des larmes aux yeux que l'on ne peut conter.

Ne me demandez pas si le printemps est beau, si le soleil m'émeut,
Je ne l'admire plus car en cette saison le ciel est toujours bleu,
La forêt est si belle, les prairies sont dorées, les champs sont en labour
Et mon ami n'est plus qu'un jeune citoyen sans permis de retour.

Ne pensez plus à moi, passez votre chemin sans me parler du temps,
Le temps n'efface rien, il habitue le coeur à ne plus être absent,
Il fait pleurer l'esprit sans aucune pudeur, si volontairement
Que je ne peux parler tant la peine étrangle ma voix qui vous entend.