Le vin
Ô mon bien, ô mon vin, fils sacré du soleil !
Pour avoir glorifié chacun de tous nos âges,
Je louerais pleinement tous tes chauds paysages
Qu’allument tes saveurs montant jusqu’au ciel.
Ô mon fidèle ami, tu sais bien des histoires ;
Parle-nous de ces fous se mirant en ton or
Comme dans leur linceuil,mais conte nous encor
Celles des mines d'où rentrent les faces noires.
De la main de l’ivrogne aux coupoles des dieux,
O mon frère maudit,je sais ton châtiment,
Tu berçes l'être las comme une tendre mère,
Et ravives l'esprit en l'emportant aux cieux,
Mais quand bacchus enfin le délivre du temps,
Tu en oublies le son et l'air glacial du verre!
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J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.(Arthur Rimbaud).