Le savez-vous ? En traçant avec une craie
Tout autour d’un scorpion, un cercle sur le sol,
Celui-ci longera les contours de ce trait
Mais sans oser franchir la fausse camisole.

Il tournera ainsi du matin jusqu’au soir
Pour tenter de trouver remède à ce dilemme,
S’épuisant à chercher un passage illusoire :
Quadrature du cercle, insoluble problème !

Notre pauvre arachnide éperdu, aux abois,
Comprendra qu’il ne peut s’échapper de l’enclos,
Car la géométrie répond à cette loi :
Pas la moindre ouverture, un cercle est toujours clos !

Alors, nature étrange, instinct inexplicable,
L’arthropode devient son propre matador,
Retournant contre lui (ô geste irrévocable !)
L’aiguillon venimeux : il se donne la mort !

Le savez-vous ? Souvent l’Homme est aussi conduit
A cet ultime geste empreint de désespoir,
Quand ses jours laissent place à d’éternelles nuits
Et que son horizon se macule de noir.

L’homme est également dans un cercle invisible
Dont le rayon varie en fonction des personnes,
Et la vie quelquefois devient vite impossible :
Plus le diamètre est court, plus la douleur raisonne !

Mais qui trace le cercle et qui choisit les proies ?
Je n’en sais rien, je ne suis qu’un faiseur de rimes…
Peut-être Dieu ? Ou plutôt l’Homme avec ses lois !
La terre était trop ronde, il en a fait un crime…

Dante l’avait compris, son Enfer est un cercle !
Cercle, cercle, cercle toujours recommencé !
Mais j’en ai bien trop dit et ferme le couvercle
Sur le tombeau rougi par mon sang déversé…

D’accord, j’ai modifié la légende d’antan
En vous parlant de craie à la place de flammes,
Mais qu’importe, après tout, car l’essentiel étant :
L’Homme meurt peu à peu par asphyxie de l’âme !