Rêve inachevé... en sonnet simple et sonnet inversé


Ma vie s’est écoulée sans grandes ambitions
J’ai eu devant mes yeux les barreaux d’une cage
Sans qu’il y ait pourtant de porte à ma prison
J’étais un prisonnier même en temps de voyage

Contenu aux règles de civilisation
J’ai traversé la vie respectant les usages
Et quel que soit le lieu de ma destination
On m’a toujours loué comme un homme très sage.

Je m’en suis évadé au cours de nombreux rêves
Je n’y étais pas roi, je n’avais pas la fève
Mais mon cœur a trouvé un instant de bonheur

On ne peut pas hélas vivre sur des chimères
Car on revient toujours à nos petits malheurs
Pour aboutir un jour dans un vieux cimetière.

N’est-ce donc pas cela qui nous tient sur la Terre
Alors que le temps file au grand dépit du cœur
Dans des saisons qui sont de biles très amères

On devient la marée qui recouvre la grève
D’une écume rougie au sang qui vient d’un glaive
Le temps ne compte plus, on en oublie les heures

Nos amours ne sont plus qu’une pauvre illusion
Comme un bateau serait lors de son renflouage
Après un très long temps noyé en immersion
Et recouvert ainsi de jolis coquillages

Ô temps retient ton vol et en consolation
Apporte moi encore un moment de partage
Ne me laisse pas en cette désolation
Il m’apaiserait tant ce nouvel effeuillage.


Chibani