D'abord ma page est blanche
puis les mots s'activent en noir
ils défilent telle une avalanche
sur mon monde de désespoir

les dieux ne sont pas aimables
ils nous battent de leurs épreuves
nous les croyons estimables
mais ils nous noient dans leur fleuve

la lumière est un ersatz de paradis
la bête nous assomme de ses cris
elle brûle nos âmes affaiblies
nous sombrerons dans un cruel oubli

la rage et l'horreur sont nos chaînes
s'en libérer est notre quête éternelle
nous sommes sans arme et pétris de haine
rien n'est beau en ce monde de flanelle

la vie est intense et sans cesse en transe
nous craignons la mort et ses mystères
exister et puis soudain le néant immense
moi j'aimerais tomber sur un lit d’asters

il n'y a pas de salut mais des destins
puis l'épreuve de ce feu cosmique
qui consume notre conscience enfin
à jamais disparaître dans les limbes épiques