La vie n'est pas un long fleuve tranquille

Allez restons-en là
Il faut que je m'en aille
Vite, et maintenant
Que s'ouvre cet autre lieu
Pour moi c'est important
D’être enfin au départ
Peut-être du dernier train
Ne pas monter en marche
Mais pour ce long voyage
En tracer le parcours
Les haltes, les stations
Permettant à quiconque
Ayant pris le départ
D’arriver à bon port
À sa destination
Surtout ou j'en mourais
Ne me destinez point
à n'être qu'un bagage
Qui ne dirait plus rien
Un objet qu'on déplace
Parce que ça arrange
Le service, les personnes
Ou bien je ne sais quoi

N'oubliez jamais que
Moi je vous regarde
Et vous ne voyez rien
Je me marre de vous voir
Courir après le temps
Vous qui n’en avez pas
Et moi qui en ait trop
Et pourtant moins que vous
C’est décider là-haut
A l'âge d'être un homme
Il me faut être vieux
Abandonner mon corps
Et ce sexe inutile
Mais garder à l'esprit
Mes rêves les plus fous
M'évader en moto
Grisé par la vitesse
Mourir sous les caresses
Mourir sous les baisers
Noyé, par la sueur
De multiples amours
Dans un ultime orgasme
M’endormir à jamais
Refermer le grand livre
Et enfin être libre


N.B Ecrit pour Jean-Marc, qui apprend à 15 ans qu'il est atteint de l'Ataxie de Friedrich, maladie neurologique évolutive et dégénérative. Tout le texte celui d'une vie, est à disposition gratuitement sur demande