Les racines au corps.
Les racines au corps.
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Les racines se parent en couleurs et exhaussent,
Contrefont, en tronc, l'apparition des sirènes opales,
De l'exil en plantes, alignées, à fleur de fosse,
Prélude et violon pour cavalcade en divins sépales.
Les danseuses derviches prennent des reflets d'or,
Des pâleurs qui déroulent en rondeurs complètes,
Dans l'émeraude forestière des ballets et des corps,
Les feux follets embrasant tout un halo silhouette.
La lune qui prend son tambourin,
Eteint de toute sa mauvaise mémoire,
Les prunelles qui mangent son teint,
Et glisse en avant, sur l'or des trottoirs.
Le vent qui ponte à l'infini,
Sous les pas des amants qui trichent,
A l'ombre des serments définis,
Baise aux portes cochères, en niche.
Et le coeur, serrant son tournant,
Sonne au creux des troncs bijoux,
Sous des rêves glacés et gluants,
Eteignant toute l'aurore aux joues.
Alors, doucement, les violons de la blancheur,
Sur le dur pavé, racinent dans toute leur chance,
La couleur passe-t-elle, tendre, mais aguicheur,
Puis charrie la douceur en conjuguant l'outrance.
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illustration : L'aurore de P. Delvaux . 1937.
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