LA GOUTTE D'EAU

J’aurais voulu être une simple goutte d’eau,
Pour amasser poussières et rouler sur ta peau
M’enivrer de ton corps au plus profond encore
Me cacher dans ta crinière multicolore.

Aller chercher l’odeur me marier à ta sueur
Exalter ton bonheur quand tu deviens fraîcheur,
Et rouler dans ta main,
Aujourd’hui et demain,

M’évaporer et miles choses encore
Y rester en parfum d’hellébore
T’écouter respirer
Être ton prisonnier

Deviner tes pensées
Dans l’éther sublimé
M’allonger sur ta langue purifiée
Entrer dans tes pensées

Je ne suis qu’une goutte d’eau
Je tombe du ciel tout là-haut
Fasse en m’évaporant
Que de moi en mourant

Sur un simple zéphyr
Ton être puisse en jouir
Combien faut-il de mots pour envahir la plaine
Combien faut-il de monts pour détourner ma peine

Sur le mont-de-vénus
Sous l’épée de Phébus
Dans chacun des atomes où plonge mon regard
Je laisse un mot en somme que tu liras plus tard

Détourne donc tes yeux
Si je suis malheureux
Je suis là quelques parts lisant un vieux grimoire
Il ne parle que de toi et empli ma mémoire.

Mais déjà je coule de tes yeux,
Je roule sur ta joue, heureux
Suis-je une goutte d’eau
Ou la larme du renouveau ?