A : SHALIADE

...On ne cesse de me rappeler
Que les lignes de la main
Sont étanches à toutes les lectures
Dans la boule de cristal en perdition
S'oublient les lettres de ma mémoire
Et la chaleur contagieuse du regard
Frôle l'opacité de l'espace

De ma rive ensoleillée
Je fais don de ses rayons
Pour réunir les deux rivages
Propager quelques lueurs
Et attendre un peu l'écho de ses reflets

J'ai du temps pour le temps
J'ai le temps pour voyager sans visa...
Et chercher à atteindre d'autres cieux...
Et je vogue en solitaire
Dans les avenues aérées
Je fréquente le monde de l'amitié
Dans la clarté de l'aube en éclosion

Dans les dernières salves du crépuscule
Je me vois dans la glace de ma cité
Le soleil brille dans le ciel
L'autre soleil est dans nos coeurs
Les mains sont toujours tendues
Vers les autres... rives
On aime semer les fleurs de l'hospitalité
Propager l'alchimie des arômes
Faire circuler les bonheurs...

Hélas dans toutes les cités... !
Dans tous les villages de mon Pays
On espère voir la vie autrement
Avec le fusionnement des projets
La floraison des bienfaits de la terre
Au lieu de fuir les murs varioles
De délaisser les champs dans l'isolement
Les arbres fruitiers en quarantaine
On ne fait qu'ériger des châteaux
Dans le sable mouvant des aventures

On cherche l'évasion en cul - de - sac
Dans les barques de la mort...
Dans mille façons de mourir...
Ils se joignent à d'autres contingents
Venus des lointaines dimensions
Dans l'ultime visée l'EL DORADO
Qui les invite à frôler tous les périples
Pour échouer au fond de l'océan
Ou vivre dans l'incertitude de la clandestinité
Ou réduits à des épaves humaines
Dans l'indifférence de l'écoulement des années

La culture est bannie depuis longtemps
Et elle dérive vers le monde de l'utopie
... Et je ris de cette stupidité d'être
De paraître dans la négation de l'être
Les frontières sont cloisonnées
La mers quadrillées, vadrouillées...
Les corps rejetés par le ventre de l'océan
Des oraisons de l'obscure destinée
Drames de la quotidienne avalanche
Des espoirs projetés et avortés

... Le soleil brille toujours
Le printemps annonce ses couleurs
Il est en avance dans le temps
Il nous regarde d'en haut
En donnant à chacun sa part de vie...

Je vois dans les prunelles des enfants
Je lis dans le livre des yeux innocents
La décision aléatoire de l'à... venir
Ma plume ricoche le voile du silence
Elle continue la trame du rideau baissée
Le spectacle reste inchangé

Ma plume s'aiguise à la falaise de l'absence
Tous est chaleur, tout est vie
Tout est articulation des rêves
Au fond de mon coeur submergé
Une larme ruisselle sur la joue de l'heure
Elle ressemble à mille feux en effusion
J'oublie le sourire de mes lèvres fanées
Dans l'arrière plan de l'horizon... fermé

Kacem loubay
Dimanche 22 Février 2004
Khénifra - Maroc
Loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l'autre rive