Moi qui bon an mal an musarde sur les routes
Cherchant au quotidien de quoi casser la croûte
Moi qui traîne mon pied sur les herbes mouillées
Dessinant un sillage de bave argentée
JE DENONCE
La cruauté sans nom des hommes endurcis
Sourds à la Poésie à l’envol des saisons
L’égoïsme sans fin de ces êtres si fades
Refusant à mes pairs leur bouchée de salade
***
Moi qui après l’ondée les antennes aux aguets
Hume avec gourmandise l’odeur de la forêt
Moi qui jour après jour agrandis ma coquille
Donnant à mon logis ce bel éclat qui brille
JE PROTESTE
Au nom de mes amis capturés et rôtis
Sacrifiés sans remords à la gastronomie
Chargés sans état d’âme des pires vilenies
Par ces ogres sans cœur ces gourmands ces nantis
***
Moi qui à petits pas chemine doucement
Savourant cette vie en goûtant chaque instant
Moi qui quand vient la nuit me love en ma maison
Espérant pour demain voir d’autres horizons
J’ACCUSE
Tous les briseurs de rêves les massacreurs du Beau
Qui ne songent ici bas qu’à combler leurs envies
Dévoreurs de grenouilles avaleurs d’escargots
Qu’à vos banquets gloutons personne ne convie
***
Moi l’escargot poète amateur de rosée
Quand l’heure sera là finira ma tournée
L'estomac d’un rongeur ou celui d’un oiseau
Accueillera mon corps telle est ma destinée
Moi l’escargot…
Capucine