Petit enfant, notre prof de chant nous apprenait Brassens
Collés en rang d'oignons dans la salle de classe.
Nous chantions la Cane de Jeanne, l'Auvergnat, le petit cheval blanc.
Notre maitresse nous faisait chanter le chant des Partisans,
Nous récitions du Prévert et en sortant de l'école
Un chemin de fer nous emmenait tout autour du globe
Avec les trois mousquetaires, Rémy et tous les héros enfantins.

Au collège je n'avais d'yeux que pour les romans d'aventures :
Conan Doyle avec Sherlock Holmes, Jean Ray avec Harry Dickson,
Haggard et l'immortelle Aycha, Jules Vernes et ses extraordinaires aventures,
Tous ces héros qui en une incroyable épopée résonne.

On n'est pas sérieux à dix sept ans, je partis avec Rimbaud pour une saison en Enfer,
Sur son bateau ivre je devins trafiquant d'armes explorant les secrets de la mer rouge avec Henri de Monfreid,
Puis le parfum des Fleurs du Mal devint mon livre de chevet :
Les bijoux, les femmes, tous leurs secrets je les dois à Baudelaire.

A vingt ans, je devins un lion comme le chante Léo Férré :
Anar, j'écoutais Radio Libertaire.
Je me passionnais pour Bruant, Dimey , Caussimon.
Guidoni, je connaissais toutes ses chansons, Pierre Phillipe un maitre.
Combien de fois le Stéfanois de Lavilliers passa sur la platine ,
Mes amours étaient de passage, parfois singuliers.
A la Bastille, dans la foule j'ai crié :" Mitterrand "

A trente ans, dans les livres de Proust je nourrissais ma passion,
Dévorant la nuit la Recherche du temps perdu,
Pleurant à la mort de sa grand mère,
Souriant des danses amoureuses du baron au giton,
M'émerveillant des jeunes filles en fleur, puis le temps retrouvé
Je voyais autour de moi vieillir tous mes compagnons.

Aujourd'hui j'aime toujours la poésie et la littérature :
Houellebecq et ses Particules élémentaires dévorées en une nuit
Sans sommeil puis relues au moins cinq fois,
Les bienveillantes me noyant dans l'effroi,
La Fontaine et Céline redécouvert grâce à Lucchini
Et toujours d'autres aventures.