PASTICHE SUR LE POÈME
« MIGNONNE ALLONS VOIR SI LA ROSE »
DE RONSARD
À MON JARDINIER
Mignonne, allons voir s'il arrose
Bien ce matin, où s'il repose,
Mon jardinier. Car au soleil
À point nommé, en simagrée,
Il fait semblant, mine empourprée.
Coquin à nul autre pareil.
Las ! las, il fait encor l'impasse ;
Mignonne, que ce gueux m'agace
Las ! las mon jardin laissant choir !
Ô vraiment choquante imposture
Puisqu'il a gîte et nourriture,
Mais oisif du matin au soir.
Donc, constatez, oyez, mignonne,
Tandis que le bougre fredonne,
Vantant ma générosité;
Cueillons, cueillons un peu d'ivresse,
Et comme lui, puisqu'il paresse,
Batifolons à volonté !
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Pierre de RONSARD (1524-1585) Poème original.
MIGNONNE, ALLONS VOIR SI LA ROSE
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)