Les épiceries d’antan

J’ai le souvenir de ces épiceries d’antan, aux façades délavées
Celles ou on trouvait de tout, ou mes parents s’arrêtaient
Je me rappelle d’une, vous dire ou exactement, je ne saurais
Quelque part dans un village de Beauce, sur la route du blé
Elle était tenue par une femme, toujours habillée de gris avec un grand tablier
Ses cheveux blancs, retenu par un filet et épinglés
Un vrai trésor, on s’y arrêtait le soir pour acheter à diner
Dans la vitrine réfrigérée, attendaient jambon et pâtés, fromage frais,
Au plafond accroché à des esses, les saucissons secs se balançaient
A coté des paniers en osier
Parmi les paquets de café, farine pâtes et chicorée
On trouvait de tout, même l’étal du maraicher
En hiver comme en été
Le parfum des melons embaumait
Les aubergines dans leurs robes violettes se pavanaient
A coté des courgettes et des navets
Les poireaux et les choux étaient de la fête sans oublier les frisées
Les tomates rutilaient a coté des fruits tout frais
Je me souviens aussi de cette vieille trancheuse à jambon, la manivelle il fallait tourner
Pour couper des tranches fines, et la balance a poids que je fixai
Sans oublier le tiroir caisse qui chantait quand on l’ouvrait
Et puis il y avait le pain, des boules dorées et farinées
Des baguettes croustillantes effilées
Et le bon vieux gros pain, la miche comme on l’appelait.
Tous ces parfums se mélangeaient.
Il y avait aussi le coin mercerie, du fil à coudre, des ciseaux, des dés
Des bas nylons, des blouses colorées et des tabliers
Des sabots en bois, des pantoufles brodées
Mais moi ce que j’aimais le plus, c’était ces grands bocaux en verre qui de fermaient,
Avec un couvercle qui se vissait
Dedans ….on trouvait ; des caramels, vanille chocolat, café
Des rouleaux de réglisse avec une perle au milieu colorée
Des sucettes « Pierrot « au caramel et lait
Des pastilles blanches, bleues et roses mentholées
Des roudoudous avec leurs coquilles blanches aux saveurs acidulées
Mes yeux s’écarquillés, enfant que j’étais
Et puis par une petite porte on accéder au café
Le vieux comptoir en zinc brillait
Les verres tintaient
Le café fumait
Tout le monde parlait, riait
Aujourd’hui, ces petites épiceries sont oubliées
Perdues par le temps, elles ont fermées discrètement dans le regret.

Matita mai 2011
(tranche du passé)

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la poésie est l'encre du coeur