Coulent…comme de longs soupirs
Debout, dans mon balcon, je contemple le ciel ;
Vénus me sourit, ô célestes étincelles
Le chant du silence berce les soupirs de l'air,
Charmante symphonie, doux mystères des sphères!
J'entends frissonner les papillons qui voltigent;
Les ramures désertées, langoureuses s'étirent
Pour rétreindre dans leur sein les beaux déserteurs.
Sur le char stellaire, je les vois défiler,
Lunes divines pour notre joie révélées,
Ces illustres artistes, au souffle mirifique,
Répandent leur chant, rosée mélancolique.
O voix féériques aux refrains transporteurs!
Comme un chant séraphin, venu du firmament,
Le timbre de Farid(1), mélodieux et charmant
Sème mille plaintes dans les cœurs embrasés.
Son luth attendri gémit languides couplets
Que les câlins des cordes distillent en pleurs.
Sous les doigts de Shankar(2) d'enchantement frémit
Le sitar aux accords dont l'âme se nourrit.
Coulent leurs sons cristallins comme de longs soupirs,
Quand ces frissons charmants étreignent le zéphyr
Dans un ballet astral aux accents bienfaiteurs
BĂ©nies soient ces cordes, soufflant de saints concerts,
Des chants mystiques oĂą se parfume l'univers!
Sur les rivages de l'Orient jetons les cordages;
Pleurs de luth, sitar, sarod, Ă´ les beaux ramages!
Des lyres plaintives pour calmer les douleurs.
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(1) Il s'agit de Farid El Atrache, célèbre chanteur et compositeur arabe, un grand virtuose du oud (luth),
(2) C'est Ravi Shankar, célèbre sitariste et musicien indien.
Khadija