Alger le 07/04/2011
Pleine la vue (dédié à Ligalou)
Il a lu,
Sartre et Kateb Yacine
Paul Verlaine et Baudelaire
Louis Aragon et sa plume fine
Pasteur et les frères Lumière.
Senghor, Aimé Césaire
Une virée chez Lafontaine
Sous le ciel, mers et terres
Il vit avec sa profonde peine.
Einstein et Alain Aspect
Antigone et les misérables
Il leurs voue du respect
A chaque temps ses fables.

Silencieux devant la mer
Et ses infatigables vagues
Pour oublier sa misère
Il fixe, oursins et algues.

Humains comme le reste
Il n’est pas si renfermé
Sur sa chemise une veste
Il a lu Louis René Villermé.

Coi, au bord de la falaise
Sans vouloir défier le vide
Il pense à ses viles chaises
Imbibées d’huile d’arachide.

Humain, comme le reste
Pensif, il caresse l’espoir
Le conflit, royaume la peste
Il a lu Simone de Beauvoir.

Aphasique, pouvant loucher
Sans s’attarder, parcourir
Ces terrains dessoucher
Jadis, le faisaient nourrir.

Humain, humble, deux yeux
Fragiles, dos, pieds et mains
Natif de ces mêmes lieux
Il suit le jour pour demain.

Humain, plein de souvenirs
Dans ses vers, des messages
L’exclusion pour l’avilir
L’impasse n’est pas passage.

Humain, il entend, il voit
Les hommes, impaludés
Sur leurs enfants une croix
Leurs femmes, dénudées.

Mouloudi Mustapha