J’ai passé une nuit entière
À courir
Après un cheval bleu ciel
À travers les ruelles
Bordées de maisons de pierre
Froides et austères
D’un village sans souvenir
J’avais perdu mes repères
En suivant
Ce cheval sauvage
Dans ce désert
Sans âge
Puis
Dans les marécages
Et les sables mouvants
Je ne l’ai pas lâché
On a fini
Notre course
Sous la grande ourse
Dans une forêt.
Légère comme l’air
Une femme blonde
Nue sous une robe blanche
Plissée
Comme une toge fendue
Sur le côté
À surgit des ondes
Elle ondulait des hanches
Comme une fille des rues
Son visage fatigué
M’a tout de suite déplu
Mais quand elle s’est retournée
Et qu’elle a soulevé
Après s’être penché
Vers l’avant
Le voile blanc
J’ai bien aimé
Ce que j’ai vu
Elle ne portait rien
Dessous
C’était bien
Ça valait le coup
De se rincer l’oeil
Devant les écureuils
Mais quand elle a continué
Elle m’a dit
Je te veux
Tout de suite
Ici
Moi
Je veux me rouler
Nue
Avec toi
Dans les pissenlits
Je lui ai répondu
J’en ai envie
Mais
J’ai jamais
Pu bander
Dans une forêt
Je suis gêné
Sans doute
Le regard des écureuils
Un sacré écueil
Pour que te boute
Hors des pissenlits
Et de l’herbe jaunie
Je crains
Bien
Chère amourette
Aux délicieuses quenottes
Qu’ils ne me grignotent
Les noisettes
En prenant leur temps
Brusquement
La blonde est devenue
Enragée
Elle a botté
Avec ses pieds nus
Le cul
Du cheval bleu ciel
Puis elle a disparu
Fâchée.
Elle continue
De galoper
À grands coups de sabot
Dans les ruelles
De mon cerveau
Éffondré
De l’avoir perdu.