Un conte savoureux

Tu me racontes là un conte savoureux
Une fable où la carpe épouse le lapin
Deux larrons à s'entendre si bien qu'à la fin
On aimerait chanter pour eux
La ballade des gens heureux

Il me vient toutefois comme un très léger doute
L'aurais-tu inventée l'histoire d'évasion ?
Et celle du filou, n'était-ce qu'illusion ?
Ces deux drôles d'oiseaux m'envoûtent
Je veux savoir, quoi qu'il en coûte

Des témoins les ont vus, ils bricolent partout
Ils fouillent une maison, se changent pour une autre
Au gendarme affirmant être deux bons apôtres
On leur a mis la corde au cou
Pour avoir mendié quelques sous

Adoptant, depuis peu, l'habit du froc des moines
Robe de bure rêche aux tons bruns délavés
Ils prient, et leur prière, de Pater et d'Ave
En poétique macédoine
Sépare du jambon la couenne

A l'œuvre pour le bien de la communauté
Ils ont signé les vœux, frères parmi les frères
Devant le père abbé, leur chef au monastère
D'obéissance et pauvreté
Mais pour eux pas de chasteté

C'est ainsi qu'on les vit certains soirs, en Gascogne
Surgir de l'eau glacée du Canal du Midi
Deux hères bien connus paraissant engourdis
A chérir les crus de Bourgognes
Et repartir aux mains des cognes

D'autres fois, sur la berge, les filles en plein été,
Comment dit-on là-bas, flirter ?...

Keraban – © – dimanche 18 avril 2021


Et voici le poème d'Antoine :

Avez-vous déjà vu pareil saut d’évadé
Qui partant du sommet d’un piteux mur d’enceinte
Se retrouve fuyard sans laisser moindre empreinte
Entonnant bellement le chant de l’extradé
D’un rythme saccadé.

Il s’en va sac à dos pour rejoindre un filou
Qu’on nomme Sac à Puce au buriné visage.
Cet être est trop rusé pour n’avoir point l’usage
De ficelle ou de corde et comme Marylou
il se vêt de pilou.

Une fois réunis en mesquin peloton
Les voilà qu’ils s’en vont tous deux pleins de malice
Aborder des recoins où l’on sert au calice
Des vins très capiteux servant au miroton
Donnant le port béton.

Pour semer les traqueurs qui fouillent l'alentour
Ils changent leurs habits pour des vêts à leur taille
Car ils craignent tous deux l’incertaine bataille
Opposant ces gens d’arme aux faiseurs de bon tour
Que l’on pend à la tour.

N’étant plus vrais pêcheurs, car suivant le chemin
Que la Bible applaudit, nos deux gars en vadrouille
Se disent : « c’est fini de tout faire en magouille.
Allons donc dans la paix de l’ancien parchemin,
Cela fait plus humain. »

Étonnement, sans doute, on les voit tous les deux
S’apprêter en vieux moine et paraître tondu.
Leur bure en cachemire et au ton bien fondu
Leur donne un air serein et non ce port hideux
Qui les rend peu fiers d'eux.

Et là le Monastère en dernier Ministère
Les prive des appâts, sans recours, de Miss Terre...

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J'aime la poésie qui me parle et qui chante

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