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C'était il y a longtemps. Cachée au fond des bois
Une maison pareille à un château dormant.
C'était du pain rassis et du lait que l'on boit
Avec au fond du coeur l'amour des grands parents...
Je veux dormir ce soir sous l'oreiller des ans.
Sous le toit délabré d'herbes folles courants,
Je dois fermer les yeux pour traverser le temps
Pour revivre un rêve, oubliant le présent.
Mais ! Chut...
Le soir sent bon le chaume, et la lune bien seule
Sous le grand ciel voilé devient couleur d'opâle.
Tremblent les branches nues près de la grande meule
Imprégnant la maison d'une odeur végétale.
Mon ciel bleu se balance entre mer et montagne
Ma terre, doux berceau, parfume la campagne.
Dans l'azur couronné les champs blancs de gerçures
Rejoignent l'horizon d'étincelante armure...
S'ébroue la maisonnée tel un chien hors de l'eau,
D'abord l'étable aux boeufs tremble dès qu'il est l'heure,
De leurs naseaux luisants s'échappent des vapeurs
Qu'un brouillard hivernal entoure d'un halo
Dehors tous les sillons traînent leurs creuses joues
Et de glèbes en glèbes la taupe court les trous...
La paix erre tranquille au beau milieu des champs
Entre étourneaux joueurs et merles élégants...
Parmi d'âcres parfums, piquée de certitudes
Cette maison attend: une vieille habitude
Qu'elle a de retenir le chant des noirs sabots
Ainsi que tous les sons pour s'en faire l'écho...
Je vis dedans mon rêve et me dit: c'était bien
Quand pépé me prenait par la main le matin
Je sais qu'il fumait trop, je revois son mégot
Entre ses dents jaunies, ombre de marigot.
Je dormirai ce soir petite si fragile,
Avec au creux des draps la chaleur de cette île,
Avec la clé des champs j'ai ouvert ma mémoire
Recueilli les douceurs d'une très vieille histoire...
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Quand le poème a des beautés, quelques taches ne me choquent pas