La complainte du piano usé,

L’enfant musicien pianote sur mon clavier,
J’essaie d’émettre un son audible,
Mais notes après notes, désaccordées,
j'émets d’étranges vibrations…inaudibles,
Le père se lamente, je suis suspecté,
On m’envoie des hommes de leurs mains habiles,
Pour me soigner, me réparer, m’accorder,
Avec burettes et quelques étranges outils…

L’homme pianote sur mon clavier,
Quelques réglages fins et subtils,
Et me revoilà en odeur de sainteté,
Mes marteaux feutrés, si agiles,
Mes touches noires d’épicéa ou d’ébènes
Toutes en douceur et légèreté,
Délicatement effleurées, je jubile,
La sonate des blanches d’ ivoires, laquées
Et je me sens à nouveau libre même immobile,

Je sens en mon âme philharmonique vibrer,
Les mélodies des cœurs symphoniques,
Et les mains qui parcourent mon clavier,
M’ouvrent un nouvel univers acoustique,
Enfin ! je ne suis plus ce vieux piano usé,
je retrouve mes gammes chromatiques,
je ne terminerai pas sous un drap caché,
je revis de mes gammes diatoniques,
je n e terminerai pas ma vie en vieux bois à bruler…