Au ciel, une estafilade
Barre en travers mon horizon,
Mais son contour est variable
Et passe par dessus les maisons.
Par la fenêtre ouverte je regarde les fenaisons ;
Il n’y a plus d’herbe verte ce n’est plus la saison.
On entre les foins et entre les doigts
Je glisse avec soin des morceaux de bois.
Ce sont des crayons.
Cela m’amuse
De presser mes doigts
Pour me faire mal,
Car tous nous croyons,
Que la douleur
Rassure.
Mes crayons de couleur
Sont des tortionnaires.
Du pouce à l’annuaire,
Aucune douceur.
Ce n’est pas un jeu
C’est un plaisir
De souffrir
Pour rien.
C’est anodin
Et imbécile,
Pas très malin,
Car les doigts finissent en boudins,
Et deviennent indociles.
L’estafilade est toujours là ; qu’y a-t-il derrière ?
L’horizon est si plat qu’il forme une barrière
Où le soleil se noie
Par-dessus la route
Qui poudroie.
Mais voici un crayon
Qui insiste,
Entre l’index et le majeur,
Juste sur le durillon
Et je ressens la douleur
Du masochiste.

Capricorne, le 15/04/2010