L’âne malin.

Avec ses longues oreilles,
Il n’a pas son pareil !
C’est l’âne qui ne pense à rien
Qui ne fait pas le lien
Entre le mal et le bien !
Mais un âne nommé Khémaïes,
Vivant dans une ferme à Béni Merdes,
Avec lui, un bœuf, nommé fartas
Et une chienne, c’est la belle Ines !
L’âne porte les provisions aux ouvriers
Monté par le fils du cheikh du conté.
Fartas, toute la journée, tire la charrue
Suivi du fouet de son patron bossu
Et rentre le soir mort de fatigue.
La belle Ines garde la ferme
Mais, comme tous, n’aime pas l’âne
Et trouve qu’il mène une vie banale.
Alors au bœuf, elle murmurait
De faire semblant d’être indisposé.
Au bon matin, le trouvant ainsi,
L’âne, à sa place, fut saisi
Et la chienne, de plaisir, gémit.
Une journée dure, l’âne passa !
Le soir très fatigué, il rentra
A l’étable où il trouva,
Heureux et contents, les deux compères
Qui, gais et joyeux, lui demandèrent :
« Comment te sens-tu, pauvre ami ? »
« Mort de faim et affaibli ! »
Difficilement, il répondit !
« Mais, grâce à dieu encore vivant
Car, j’ai entendu, chemin faisant,
Le patron faire un serment :
Si le bœuf ne se remettra pas demain
Il le vendra au boucher du coin
Et, avec son prix, il achètera un mulet
Qui fera le travail au complet.
Pauvre Fartas, demain tu seras loin,
De ta viande, on fera des festins !
Tu seras sur toutes les tables!
Tu feras la joie du comptable !
Tu rapporteras beaucoup d’argent
A notre cher patron.
Le mulet te remplacera en tout
Et Ines sera toujours debout
Car, ce n’est pas facile de surveiller
Un mulet qui aime bien vagabonder.
Lui courir derrière, tu devras
Si non, le patron te chassera.
De faim et de froid, tu mourras
Et une jeune chienne te succèdera.
"Parmi les pénibles décisions de la vie,
Il faut savoir choisir ses amis !
Un conseil te propulse bien haut,
Un autre te conduit à l’échafaud ! "