A la pointe de mon stylo
Je voudrais que les mots abondent
Pleins de consonnes de voyelles
Que je puisse dépeindre l'eau
L'eau l'envoûtante la féconde
La féminine la plurielle

Au fil de ses tresses d'écume
Depuis des temps immémoriaux
A travers toutes les cultures
Perçant les brumes d'amertume
De ses facettes son brio
Elle enlumine la nature

Elle est rivière elle est cascade
Elle est fontaine elle est rosée
Et déferlante océanique
Elle défile en cavalcade
Le long de ses flancs irisés
Le ciel miroite fantastique

Elle est la gorge maternelle
Inépuisable nourricière
Elle offre son sein généreux
Ses enfants pressent ses mamelles
Les démons comme les sorcières
En demeurent cadavéreux

Comme Amphitrite sa Déesse
Née de Doris et de Nérée
On la voit onduler des hanches
Elle est divine enchanteresse
Dans ses beaux habits ajourés
Robes de jade et robes blanches

Son opulente chevelure
Aux entrelacs de ses ruisseaux
Va dessiner des arabesques
Elle tisse des dentelures
Fait rouler de jolis cerceaux
Donne d'inoubliables fresques

Elle est pluvieuse elle est fluviale
Elle crépite elle clapote
Elle est locale et planétaire
Elle s'étire elle dévale
Elle est dormante elle s'emporte
Auréolée de ses mystères

Dans ses jours de grande colère
Du haut de sa plus grosse vague
Elle nous gronde et nous supplie
De la laisser toujours très claire
Pour éviter qu'elle divague
De garder bien propre son lit

Elle est douce et voluptueuse
Elle est rigueur et fantaisie
Médicinale et amniotique
Ses sources sont miraculeuses
On peut y puiser l'ambroisie
Elle est naturelle et mythique

Elle jaillit elle ruisselle
Elle coule au fonts baptismaux
Elle est lustrale et purifie
Elle est jouvence universelle
Panse les plaies guérit les maux
Redonne le goût de la vie