Depuis toujours, j'ai cherché la vie
Je l'ai enfin rencontée et bien ri
M'a parlé la misère, sa grande amie
Reine conquérante et toute réjouie
Elle traîne un espoir moribond
Qui, dans le grand doute, se morfond
Passe sans mot dire l'indifférence
Maîtresse de ceux qu'a gâtés la chance
Puis sur mon chemin, croise la solitude
Qui va prêcher à toutes les latitudes
Laissant derrière elle la tristesse
Voiler les rêves de fête et d'ivresse
Un instant, j'ai aperçu la mort
Cherchant du regard le moins fort
J'ai emprunté jusqu'aux cieux les voies
Sans découvrir un soupçon de joie
Le riche côtoie le pauvre et l'ignore
Mais tous deux, un mal les dévore
Las et inquiet, j'ai interrogé la vie
Pour comprendre ce que d'elle, on dit
Et c'est d'elle qu'est venu le sourire
Sans un mot, elle a réussi à me dire
Qu'elle n'était qu'un vague mirage
Glissé par le temps dans les usages
Sans vague à l'âme, j'ai tout renié
Car le bonheur, ce monde l'a oublié