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Le voyageur
J’ai voyagé comme une idole Au piédestal usé. Je suis passé par les deux pôles De rien n’ai abusé ; Toujours sérieux mais drôle Mon sou au creux de la main, Le pas en farandole, L’empreinte dans le chemin. Plus rien ne m’étonne Des croyances et des opinions ; Enfin tout ce qui ronronne Dans la vie d’un citoyen. J’ai voyagé comme une idole, Roulé fortune de troupier, Connu les coups et les geôles, Les honneurs et les lauriers. Tour à tour noble et roturier, Mais une seule chose, je n’ai pu changer : C’est la senteur de la rose Que Dieu m’a donné en naissant, Cette fleur qui me donne son sang Pour écrire ma prose. J’ai voyagé comme une idole Et comme elle me suis enorgueilli De jouer les plus beaux rôles, Maladroits ou accomplis. Ma peau tendue comme un tambour Sous les éloges ou quolibets, Tantôt brillant, tantôt balourd, Aérien ou embourbé, Je suis passé par les deux pôles Sans jamais rechigner. Mon sou au creux de la main, J’ai toujours donné l’obole Et sans jamais barguigner. J’ai voulu rester humain, Dans cette vie comme dans l’autre, Toujours sérieux et drôle Je n’oublie pas qu’une idole Ne montre jamais son chagrin.
Capricorne, le 26/11/2009
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