Le crabe
Un matin, que je ne nommerais pas beau,
Le crabe, sournoisement, m'a agressée…
A investi mon corps, pour mieux le blesser.
La mort de sa faux, me montrant le tombeau.
Sont arrivés les chagrins et leur cohorte.
Le jour, il faut sourire et surtout faire face.
La nuit l'insomnie qui vient blanchir l'angoisse.
Soudain peu d'amis franchissent votre porte.
J'ai pris les armes, je suis entrée en guerre
pour ôter la peur aux yeux de mes enfants.
Accepter de souffrir en serrant les dents.
Et anéantir les affres du cancer.
Assumer la faiblesse qui vous submerge.
La démission du compagnon qui prend peur.
Prive de son épaule, vous brisant le coeur.
Nager à contre-courant sus à la berge…
Par deux fois, j'ai vaincu la sournoise bête.
Par deux fois, insidieuse, elle est revenue
Dans ce corps a corps j'étais la plus têtue.
La maladie dût admettre sa défaite...
Je me suis reconstruite, il le fallait.
Le corps inchangé semble intact, et guéri
Les vestiges de ce combat, bien enfouis,
Mais les plaies de l'âme saignent a jamais…
Un amour m'a trahie, un autre sauvée.
Tant de choses, soudain, paraissent si vaines.
Tant de tourments qui ne valent pas la peine.
Je vis, aujourd'hui, pour aimer, être aimée.
*
Anita
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