Je m’appelle Audrey, j’ai 25 ans
J’habite depuis toujours en France
J’ai un amoureux et un travail intéressant
Je ne connais ni la haine ni la souffrance

Je m’estime comme quelqu’un de bien
J’ai quelques soucis sans grande importance
Il m’arrive pourtant quelquefois de me plaindre
Est-ce bien raisonnable quand on habite en France ?

Je rentre chez moi un vendredi soir
Epuisée par ma « dure journée de labeur »
Je ne pense qu’a une seule chose, c’est de m’asseoir
Un petit plateau télé, et ce sera le complet bonheur

Allongée sur mon canapé, j’attrape ma télécommande
Je me suis achetée une tarte aux fraises, quelle gourmande !
Le programme est sympathique, ce n’est pas si souvent
Une émission sur des grands événements émouvants

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Le temps s’est soudain arrêté dans mon petit appartement
Mes sentiments face à mon écran sont d’une rare violence
Ma mâchoire se serre, ma respiration s’accélère, inévitablement
Mes yeux deviennent rouges, mes larmes oublient la patience

Devant moi, je ne vois que la misère des trente dernières années
Comment, après cela, pourrais-je encore être gaie et insouciante ?
Des attentats, des cyclones, des maladies mortelles, des vies brisées,
Et moi, je me prends une grande claque et réalise que je suis vivante

Je connaissais évidemment toutes ces images d’horreurs
Mais mon esprit les avait volontairement effacés
Pour ne pas souffrir, pour ne pas gâché mes bonheurs
En me disant que l’on n’y peut rien, cruelle destinée

L’émission s’arrête, et je réalise soudain ma chance
D’être citoyenne de ce pays qu’est la France...