Ta rose et ton réséda.

A Louis Aragon.

Laisse mes yeux s’habituer à la lumière
Il faisait sombre en mes caveaux
Il faisait froid en mes tombeaux
Je ne savais plus allumer réverbères
Ma vie sentait le renfermé
Mes idées noires étaient mitées
Tu as ouvert grand toutes les fenêtres
Tu as jeté tous les « peut-être »
Et m’as soudain ordonné d’être
Je vivais en sanatorium
Mais sans aucune montagne magique
Juste terriblement phtisique
En arrière cour sans géraniums
Nos mots nous furent factotums
Ils ont brisé les décorums
Percé à jour toute nos nuits noires
Fouillé au fond de nos tiroirs
Pour en recoller les miroirs
Moi qui pleurais en mon mouroir
Me voilà comme jeune mariée
Parée de blanc belle fiancée
Ne manquent que nos épousailles
En notre immense retrouvaille
Chausse donc tes bottes de sept lieux
Implore le temps et tous ses dieux
Traversons la cette Mer Rouge
Tu es ma voie ma terre promise
Je viens à toi en tendre brise
A jamais sauvée de mes bouges
Et je serai ta plaine fertile
Ton blé en herbe ton eau gracile
Nous nous nourrirons d’immenses
Tant nos touchers seront intenses
Ma vie modeste et simple réséda
Buissonne soudain en vrai lilas
Oh garde moi comme ta rose
Viens aime moi prends moi et ose !

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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."

Racine, "Phèdre"...